Veille de reprise des négociations : quel état de santé pour l’économie iranienne ?
Dimanche prochain débutera un nouveau round de négociations sur la question du nucléaire iranien. Pour rappel, l’objectif fixé par les diplomates est de trouver un accord définitif d’ici le 1er juillet 2015. Dans le cadre du groupe de négociations 5+1 et de l’Iran, un accord avait été trouvé en novembre 2013 pour lever partiellement et provisoirement certaines sanctions internationales à l’égard du pays en échange d’une diminution sensible de l’enrichissement d’uranium. Dans un contexte international de chute du cours du pétrole et des sanctions économiques que subit l’Iran depuis plusieurs années, il paraît pertinent de prendre le pouls de l’économie iranienne en cette veille de négociations.
Tout d’abord, la République islamique d’Iran représente un marché de près de 80 millions de consommateurs pour un PIB d’environ 400 milliards d’euros en 2014. Le pays tire principalement ses revenus de l’exploitation de ses gisements de matières premières : il détiendrait 10% des réserves mondiales de pétrole et 18% des réserves gazières.
Cependant, les sanctions internationales des dernières années sont venues saper le potentiel iranien. En 2012, l’Union Européenne a par exemple voté une série d’embargos portant sur le pétrole, le gaz, mais aussi sur les assurances maritimes afin de pénaliser le transport international de pétrole iranien. Les sanctions unilatérales de l’UE et des Etats-Unis ont considérablement affaibli l’économie iranienne au point de provoquer une contraction du PIB de près de 6 points. L’exportation de pétrole avait déjà diminué de moitié sur les 6 premiers mois de l’année 2012…
L’Iran perturbé par les cours du pétrole.
Aujourd’hui, l’économie iranienne semble connaître une certaine embellie. Malgré ces handicaps, l’année 2014 prévoit une croissance d’1.5% et un taux d’inflation de 20% alors qu’il était de 40% en 2012. La levée transitoire de certaines sanctions sur la première moitié de l’année a joué un rôle important. Cette éclaircie de l’économie s’est récemment vue contrariée par la baisse du cours du pétrole brut, passé il y a peu sous la barre des 40 dollars/baril. Un cours très faible lorsqu’on sait que les dirigeants iraniens ont établi un budget étatique annuel d’équilibre basé sur un baril à 72 dollars.
De fait, l’Iran se trouve affaibli dans sa marge de manœuvre, qui lui permettait il y a encore 6 mois de compenser économiquement les sanctions internationales. A cause de la surproduction délibérée de l’Arabie saoudite, le prix du baril aura sans doute plus d’impact sur l’attitude de l’Iran dans les négociations qu’ont pu avoir les sanctions internationales des dernières années. De ces négociations dépendent la levée de ces barrières et donc l’ouverture de l’Iran. L’inconnue de cette équation reste la décision finale du Guide suprême Ali Khamenei : il lui faudra choisir entre l’obstination idéologique au coût économique toujours plus élevé, ou l’amélioration des conditions de vie de sa population au prix d’une corrosion de la posture anti-occidentale.