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La Jordanie paie le prix de sa modération

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Membre actif de la coalition internationale contre Daesh, le régime jordanien détonne par sa stabilité et sa solidité apparente au cœur d’un contexte régional plus qu’agité. La traditionnelle politique modérée de la dynastie hachémite, au pouvoir en Jordanie depuis 1921, place le pays dans une situation stratégique extrêmement complexe.

D'importantes manifestations éclatent à Amman où sont réclamées des négociations directes avec l'EI pour la libération de l'otage jordanien
D’importantes manifestations éclatent à Amman où sont réclamées des négociations directes avec l’EI pour la libération de l’otage jordanien

Avant toute considération relative à la politique jordanienne, il faut rappeler à quel point le positionnement géographique du royaume le place inévitablement au cœur des tensions du Proche et du Moyen-Orient. Il fait en effet d’abord office de tampon entre Israël et l’Arabie Saoudite, ce qui explique en grande partie ses relations ambigües avec chacun de ces deux Etats. D’autre part, la Jordanie est bordée par la Syrie au Nord et par l’Irak au Nord-Est : il en découle une exposition à subir les contrecoups du chaos à l’œuvre dans les deux « Etats » précités.

La Jordanie a en effet toujours fait preuve de bonne volonté à l’égard d’Israël, et ce même lorsque les deux Etats étaient formellement en guerre et malgré la perte, désormais acceptée, de la Cisjordanie. Depuis un traité de paix en date de 1994, la coopération économique et stratégique est relativement active entre l’Etat hébreu et le royaume jordanien. La ligne de conduite de la monarchie jordanienne, depuis la fin du conflit avec Israël en 1994 a toujours été de se maintenir en paix avec ses voisins, y compris le vieux rival saoudien.

Cette volonté pacifique n’exclut cependant pas la fermeté vis-à-vis du fondamentalisme. Le roi Abdallah II a ainsi été l’un des premiers à engager son pays aux côtés des Etats-Unis dans la lutte contre Daesh. Avant même cette intervention militaire active (le premier avion détruit au sein de la coalition était jordanien), la Jordanie jouait déjà un rôle plein dans le conflit syrien puis irakien. Elle accueille en effet plus de 600 000 réfugiés syriens et irakiens depuis 2011 et le début de la guerre civile syrienne. Si on ajoute à cela plus de deux millions de palestiniens, l’on comprend aisément que cette situation incite les autorités jordaniennes à encourager un règlement rapide et vigoureux de la situation en Irak et en Syrie.
Ce positionnement modéré, mais tout de même très tourné vers l’Occident, a eu pour cause directe de placer l’Etat jordanien dans le viseur direct de Daesh. La situation dramatique de l’otage jordanien, pilote de l’air de l’armée, et la cruauté de ses ravisseurs témoigne bien de ce « traitement de faveur » qu’entend réserver l’organisation terroriste tentaculaire au royaume de Jordanie. Le champ d’action de Daesh se rapproche d’ailleurs de plus en plus de la frontière jordanienne. En effet, une simple bande de terre d’une centaine de kilomètres contrôlée pour l’heure par le gouvernement irakien sépare la Jordanie de « l’Etat islamique ».

Face à la menace qui se rapproche, le régime semble maintenir son cap. Le positionnement du roi Abdallah et de la reine Rania aux premiers rangs de la manifestation de Paris après les attentats contre Charlie Hebdo témoigne parfaitement de cette ligne de conduite.

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