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Le commerce des armes à l’international, un marché en voie de moralisation?

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Les 193 pays réunis depuis plusieurs semaines à New-York auront eu jusqu’à hier soir minuit pour se décider; en vain. Malgré les bonnes volontés, les négociations seront restées à l’état de pourparlers en raison de la réticence de plusieurs participants tels que la Russie et les États-Unis, deux pays figurant parmi les premiers bénéficiaires de ce commerce lucratif et ayant pour cette raison, revendiqué plus de temps avant de pouvoir se décider. L’enjeu de ces négociations était pourtant simple : aboutir au tout premier traité sur le commerce des armes conventionnelles à l’échelle internationale, un projet soutenu par un grand nombre d’organisations et de gouvernements, mais demeurant encore à l’heure actuelle, un sujet pour le moins sensible.

70 milliards de dollars par an : tel est le colossal montant des fonds soulevés par le commerce des armements à l’international; un marché pour le moins lucratif pour un certain nombre de pays, sans compter le trafic illégal d’armes qui selon les dires de l’ONU, serait aujourd’hui l’un des quatre trafics les plus rentables aux cotés du trafic de drogue, de médicaments et de la prostitution. Principal exportateur mondial devant la Russie, les États-Unis représentent aujourd’hui le premier pays bénéficiaire de cet immense marché, avec une part se montant à près de 40% du commerce international, contre à peine 30% pour son concurrent russe.

Aussi face à l’ampleur de ces bénéfices, les deux pays ont-ils figuré parmi les plus réticents à l’idée d’établir un premier traité sur le commerce des armes conventionnelles, entendues ici comme des armes classiques soit non-nucléaires, radioactives, chimiques ou encore bactériologiques : aboutissement de plusieurs années de lutte de la part d’un grand nombre d’organisations telles qu’Amnesty International ou Oxfam, le TCA – Traité sur le commerce des armes – fait aujourd’hui l’objet d’un enjeu tout particulier, puisque qu’à coté de sa particularité extrêmement lucrative, le marché fait également partie des plus meurtriers : selon Oxfam, une ONG militant à l’échelle internationale « contre les injustices et la pauvreté », près de 640 millions d’armes légères seraient aujourd’hui en circulation à travers le monde, et en particulier en Afrique, où les tueries dues aux armes conventionnelles demeurent particulièrement importantes.

Pourtant, bien que stratégique, l’enjeu de ce consensus collectif reste malgré tout assez simple :

Amorcé le 3 décembre 2009 sous l’effet d’une résolution adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies, ce traité vise à obliger chaque pays à évaluer si les armes qu’il vend à l’étranger risquent oui ou non d’être utilisées pour commettre des « violations graves des droits de l’homme », des attentats ou encore d’être détournées au profit du crime organisé, soit pour dire cela différemment, à réguler le commerce des armes à l’international.

Pour convaincre, les diverses organisations et gouvernements pourront malgré tout s’appuyer sur le double enjeu revendiqué par les États-Unis, à savoir certes réduire le nombre de morts par armes à l’échelle internationale, mais aussi et surtout, renforcer « leur réputation de leader dans le domaine des droits de l’homme ». Prochaine réunion prévue fin septembre 2012 à New-York.

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