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La Tunisie ou le printemps inachevé ?

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Manifestations contre la loi de finances 2018

Avec un taux de chômage élevé notamment chez les jeunes et des difficultés économiques persistantes, la Tunisie connaît les soulèvements populaires les plus importants depuis la chute de Ben Ali. Alors même que le pays semble avoir réussi sa transition démocratique, la situation socio-économique est loin de s’être améliorée depuis la révolution de jasmin.

Un printemps arabe inabouti

Le départ de l’ancien chef d’Etat Zine el-Abidine Ben Ali a permis l’élection d’une assemblée constituante peu de temps après, le 23 octobre 2011. A cette époque, le parti islamo-conservateur Ennahdha obtient la majorité relative des sièges. Lors des élections législatives de 2014, le parti Nidaa Tounes devient à son tour le premier parti du pays débouchant ainsi sur une alternance politique. Toutefois, la période post-révolution est également marquée par des phénomènes qui perturbent cette transition avec le développement de groupes comme Ansar al-Charia et des assassinats politiques (assassinat de Chokri Belaïd le 6 février 2013). A cela s’ajoutent des difficultés économiques et des inégalités persistantes.

A l’approche du 7ème anniversaire de la chute de Ben Ali, le 14 janvier 2011, des manifestations d’ampleur ont éclaté le 3 janvier dernier un peu partout dans le pays, accompagnées d’actes de violence et de pillage. Le calme est revenu après que les forces de l’ordre eurent procédé à de nombreuses arrestations (803 personnes). Un homme est mort dans des circonstances peu claires durant une manifestation dans la ville de Tebourba, à 30 km à l’ouest de Tunis[1].

Des difficultés socio-économiques persistantes

L’origine du mécontentement naît du décalage entre l’acquisition de nouveaux droits politiques par les citoyens et l’absence d’amélioration des conditions de vie. Dans ce contexte, l’élément déclencheur de ces soulèvements a été le vote de la loi de finances 2018 adoptée le 9 décembre 2017 par l’Assemblée des représentants du peuple. Cette loi prévoit une augmentation de la TVA d’un point ainsi que des hausses de taxes sur certains produits essentiels.

« Le peuple veut faire tomber la loi de finances » ont scandé les manifestants à Tunis en référence à l’un des principaux slogans de la révolution de 2011 : « Le peuple veut faire tomber le régime. »[2] La loi intervient dans un contexte déjà marqué par une inflation galopante (6 % fin 2017), qui a érodé le pouvoir d’achat des Tunisiens, et par un taux de chômage très élevé (30 % chez les jeunes).

Samedi 13 janvier, le président tunisien Béji Caïd Essebsi a rencontré les responsables des partis au pouvoir ainsi que ceux de la puissante syndicale UGTT et du patronat afin d’essayer de trouver des solutions pour répondre aux revendications de la population. Le gouvernement a ainsi prévu un certain nombre de mesures telles qu’un revenu minimum et une couverture maladie universelle sans donner davantage de précisions.

[1] Tunisie : le gouvernement promet des mesures sociales pour apaiser les tensions, France 24, 13 janvier 2018.

[2] La Tunisie célèbre les sept ans de sa révolution dans un contexte tendu, RFI Afrique, 14 janvier 2018.

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