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Ce Modi que personne n’attendait

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Le nouveau premier ministre indien n’est pas membre du Parti du Congrès, ce qui est une rareté dans l’histoire récente du pays. C’est en effet le chef de file du Bharatiya Janata Party (BJP), Narendra Modi, qui va devenir le prochain dépositaire du pouvoir exécutif.

Le Parti du Congrès, mené par la famille Gandhi, a donc subi sa plus violente défaite depuis de très de nombreuses années. Son explication est encore assez peu claire. Oui, les électeurs ont pu sanctionner une corruption endémique, mais celle-ci marque le pays depuis très longtemps. Oui, l’économie connaît une certaine surchauffe, avec une croissance ralentie (selon les standards indiens, soyons clairs) et une inflation notable. Néanmoins, cela explique difficilement l’improbable chute du Parti du Congrès au pouvoir avant les élections.

Nodi pourrait bien représenter, aux yeux de certains, un Barack Obama indien. Celui qui, comme le futur Président américain, avait subi des critiques féroces de la part de ses opposants, parfois non dénuées de racisme. Nodi provient d’une caste arriérée (OBC signifiant « other backward castes ») dans un pays où la hiérarchie des castes est proéminente. Il a promis du changement, notamment dans les domaines du développement social et de la répartition des richesses, et s’est proclamé comme la principale alternative à l’usure du pouvoir rencontrée par le Parti du Congrès.

Un programme extrêmement ambitieux

Modi veut donc réussir là où ses prédécesseurs ont échoué. Outre les enjeux purement intérieurs à traiter, la question de l’accueil des investissements étrangers a resurgi au cours de la campagne. Les politiques fiscales et les lois du travail ne sont pas encore assez accueillantes, au dire de nombreuses entreprises s’installant et investissant en Inde. Le secteur de la distribution sera, semble-t-il, exempté de ces modernisations, afin de préserver une bonne partie de l’électorat de Modi, constitué de petits commerçants hostiles à l’entrée de grands groupes étrangers.

Enfin, en matière de politique étrangère, le cap sera probablement donné à l’est. En effet, le BJP est l’un des partis les moins pro-occidentaux du pays, et il est donc très probable que Modi approfondira les liens avec les puissances du continent asiatique. Il faut ainsi rappeler que les Etats-Unis lui avaient refusé l’octroi d’un visa en 2005. La question pakistanaise reste également au cœur des enjeux régionaux pour le pays. Certes, une paix relative semble s’être installée depuis quelques années. Mais face aux escarmouches récurrentes à la frontière entre les deux pays, quelle sera la politique de Nodi ? Encore impossible à dire, tant l’Inde demeure surprise par le fiasco du Parti du Congrès et l’éclatante victoire du BJP.

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