Europe

Quid d’un nouveau Plan Marshall pour l’Europe ? (1/3)

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Grèce au tréfonds, Espagne et Chypre appelant à l’aide, désaccord franco-allemand de plus en plus patent : l’Europe vire sagement vers une situation qui pourrait être à terme largement incontrôlable. Comme très souvent, l’histoire peut fournir des idées à certains. Un « Plan Marshall II » peut-il être la solution miracle ?

Avant toute chose, remettons en perspective le seul et unique Plan Marshall de l’histoire. La situation de la fin des années 1940 possède quelques convergences avec la situation actuelle. L’Europe était alors en déficit chronique de sa balance des paiements, manquait cruellement de dollars pour financer ses achats (le fameux « dollar gap »), subissait la contestation face au capitalisme qui a mené à la crise depuis 1929, et, enfin, était en pleine désintégration politique.

Le Plan Marshall a consisté en un transfert de plus de 12 milliards de dollars des Etats-Unis vers l’Europe de l’Ouest, à partir de 1947-48. Sur le principe, les pays européens recevaient des fonds proportionnellement à la situation de leur balance des paiements. Ces fonds pouvaient représenter 2% du PIB de l’époque des pays récipiendaires. En contrepartie, ces fonds étaient déposés sur un « Counterparty Fund » pour bien s’assurer que l’argent débloqué servait bien à stimuler les importations européennes. N’oublions pas également le soutien américain pour l’amélioration de la productivité européenne (c’est la véritable naissance du fordisme en Europe) et l’engagement des européens à tout faire pour libéraliser leurs échanges et à rechercher la stabilité financière (ce qui ressemble, bon an mal an, au consensus de Williamson quarante ans plus tard).

Des résultats, à l’époque, peu concluants, mais déterminants pour l’Europe d’aujorud’hui

On estime que l’apport du Plan Marshall pour la croissance des pays européens a été inférieur à 0,5%, ce qui est très faible comparé aux ambitions de ses penseurs. On ne peut néanmoins pas nier l’impact structurel d’un tel Plan sur la manière de penser l’économie en Europe. Les Américains ont bien évidemment profité de ce Plan, qui réduisait drastiquement les barrières commerciales (ce qui a marqué, pour certains, l’entrée dans la « Coca-colonisation »).

Le soutien à l’Europe a perduré bien après la fin officielle du Plan Marshall. On estime qu’à la fin des années 1950, le commerce intra-européen avait plus que doublé par rapport à celui de 1950. Un premier pas, véritablement, vers la puissance qu’est l’Europe aujourd’hui.

Néanmoins, une adaptation d’un tel Plan est-elle possible dans la situation européenne actuelle ? La deuxième partie de cet article tentera d’y répondre.

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