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Rétrospective 2014 : Ukraine, la bombe à retardement

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Quand un pays est tant tiraillé entre deux idéologies depuis des années, l’affrontement est inévitable. L’Ukraine, qui n’a jamais mis fin à ses divisions internes, ne trouvant aucun consensus entre se rapprocher de l’Union Européenne ou de la Russie, a connu en 2014 un nouveau soulèvement, plus grave encore que celui de 2004.

P; Porochenko, le nouveau dirigeant ukrainien, a-t-il réellement les épaules pour solder ce conflit larvé?
P. Porochenko, le nouveau dirigeant ukrainien, a-t-il réellement les épaules pour solder ce conflit larvé?

L’exil de V. Ianoukovitch, son Président, en février, n’est que la conséquence de mouvements internes latents. Plutôt pro-occidental mais faisant perdurer les liens avec Moscou, il a cru trop longtemps pouvoir jouer sur ces deux tableaux en s’évitant une situation intenable. Néanmoins, quelques dizaines de milliers de manifestants hostiles à la Russie, rassemblés sur la place Maidan de Kiev, ont suffi à  le pousser vers la sortie. Ianoukovitch, dernier pion d’une Ukraine artificiellement pacifiée, a été remplacé par des intérimaires ouvertement acquis à la cause occidentale. Or, quand 50% de la population est hostile aux changements en place, le conflit est inévitable.

Malheureusement, ce qui a retenu l’attention n’est pas ce changement de main soudain, mais la réaction russe. En effet, ce départ de Ianoukovitch, ajouté à l’occidentalisation souhaitée par les nouveaux dirigeants en place, ont généré un rejet massif de la partie est du pays. Le référendum d’autodétermination de la Crimée, par exemple, n’en est que le résultat. La Crimée, voulant se rattacher à la Russie, a donné un blanc-seing à l’intervention de Poutine dans cette région. Nul doute que sans le départ de Ianoukovitch, une telle situation n’aurait jamais pu avoir lieu. Cela n’est que la preuve que l’Ukraine était une bombe à retardement tant que Ianoukovitch jouait sur les deux tableaux occidental et russe.

Que l’on nomme ce changement politique « transition démocratique » ou « coup d’Etat », il ne fait pas de doute que les nouveaux dirigeants ukrainiens sont allés beaucoup trop vite dans leur choix de rapprocher l’Ukraine de l’UE plutôt que de la Russie. Là est la cause du désordre, voire de la guerre civile dans certains points du pays. Et non l’intervention russe à l’est, qui n’en est que la triste conséquence.

L’Ukraine, jouet de deux espaces restés bloqués en 1990

L’Ukraine était une bombe à retardement avant ce soulèvement, et l’est encore plus depuis, pour différentes raisons. Le jeu en sous-main des Occidentaux et Russes, officieux depuis 2004, a été révélé au grand jour, d’une manière extrêmement violente, et faisant de l’Ukraine un jouet d’une guéguerre occidentalo-russe. De plus, malgré les dires de certains, ce qui minait l’Ukraine durant le mandat de Ianoukovitch (corruption et instabilité économique) ne fait que se perpétuer depuis son départ, l’opposition idéologique et culturelle interne ne faisant que s’ajouter aux points faibles contemporains du pays.

2015 est donc une année charnière pour le pays. Soit le nouveau gouvernement parvient à restaurer une base économique et un compromis interne solide, en lien avec le partenariat avec l’UE ou l’aide du FMI. Soit il n’y parvient pas, et le désordre ambiant continuera à s’intensifier, rendant possible une sécession du pays à court terme. Mais, en 2015, il y aura toujours un fait certain : l’Ukraine pâtira toujours plus d’un conflit larvé entre Occidentaux et Russes.

 

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