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Au Yémen, la démission du Président Saleh approche

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Le Ministère yéménite des Affaires Etrangères, M. Al-Qirbi, vient de l’annoncer : le président Saleh annoncerait son départ prochainement, départ effectif « d’ici la fin de l’année ». Une déclaration de plus qu’il convient de prendre au conditionnel, comme toutes celles qui se succèdent dans les pays arabes depuis trois mois. Depuis le début des révoltes, ce Président (auteur, par ailleurs, de la réunification du pays en 1990) tente par tous les moyens d’éviter les bains de sang (mais ne soyons pas trop naïfs de ce point de vue là…).

Néanmoins, avec plus de recul, il apparait qu’un seul et unique fait puisse réellement provoquer la démission personnelle de Saleh : l’accord que lui donnera ou non le parti d’opposition (le JMP) pour enfin renouer le dialogue entre les deux partis politiques majeurs du pays.  Seules des négociations équitables permettront au pays d’entrer dans une transition « démocratique », et surtout seules celles-ci permettront d’éviter à ce pays aux divisions tribales extrêmement marquées de tomber dans l’orbite d’Al-Qaida, très présente, surtout dans le sud du pays.

Comme Ben Ali et Moubarak, Saleh a annoncé la tenue d’élections avant la fin de l’année. Mais il y a fort à parier qu’il rejoigne lui aussi le club « très fermé » des dirigeants priés d’aller voir ailleurs. Une crainte, et elle est de taille, est la suivante : voir Al-Qaïda profiter de la situation. Autant la menace des radicaux était inexistante en Tunisie, et encore faible en Egypte, autant les risques de prise en main du pays par les terroristes et les plus extrémistes sont possibles au Yémen (mais restent évidemment au conditionnel). Voilà qui a de quoi inquiéter Washington et Riyad, qui vouaient une confiance aveugle en Saleh comme le rempart contre Al-Qaïda.

Après Bahreïn, voilà une autre menace pour la stabilité de la région et un autre motif d’inquiétude pour le grand voisin saoudien. La désintégration du pays n’est pas à écarter entre le Nord qui semble peuplé d’opposants (chiites) au régime actuel et le Sud, qui semble ne toujours pas avoir digéré la réunification d’il y a deux décennies. Et à tout cela s’ajoutent pénuries d’eau, ressources pétrolières en chute libre et bien évidemment pauvreté. Jamais deux sans trois, dit le proverbe. Saleh, troisième autocrate lâché par son pays ?

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