Les électeurs grecs mettent l’austérité KO
Il n’y a pas que l’élection présidentielle française qui puisse être un tournant pour l’Europe. Le sort des élections législatives grecques, organisées aujourd’hui, pourrait bien mettre à mal l’idéologie prônée par l’Europe pour sa sortie de crise : la cure d’austérité.
Les deux principaux partis du pays, la Nouvelle démocratie et le PASOK (Parti Socialiste), ont à peine amassé un tiers des voix à eux deux. Les raisons de cette cuisante défaite sont évidentes : les deux ont accepté, sous la contrainte, le plan d’aide de l’Union Européenne de plus de 130 milliards d’euros décidé en février dernier, en contrepartie de l’application d’un plan d’austérité radical.
Les gagnants sont les partis ayant refusé ce plan. La deuxième place pour ces élections a été obtenue par Syriza, un parti de gauche radicale. Plus loin, on retrouve également des partis nationalistes. Ces partis se sont proposé de suspendre le paiement du service de la dette grecque. Des partis plus extrémistes ont, eux, agité le spectre de l’immigration illégale pour cause de certains maux. Un parti prônant le passage à un Quatrième Reich a même obtenu plus de 3%. Cas unique donc : il ne s’agit plus de remplacer le parti au pouvoir (comme en Espagne, Italie, et en France aujourd’hui) par le principal parti d’opposition, mais de désavouer, sans distinction aucune, gauche et droite réunies.
Les élections, révélatrices d’un décalage de plus en plus fort entre une théorie économique et les réelles volontés des populations
Il est donc évident que le prochain gouvernement devra tenir compte de ce retournement politique. Il devra proposer des mesures permettent d’adjoindre le mot « croissance » à tout futur plan économique. L’austérité est au cœur de toutes les pensées. Déjà critiquée par les populations, il semble en plus que ses résultats économiques ne soient pas à la hauteur des espérances de ses ardents thuriféraires. Les salaires ont été réduits de 40%, le chômage reste inquiétant à plus de 20% (plus d’un jeune sur deux est au chômage).
Reste que cette élection ne résoudra pas les très nombreux problèmes posés à la Grèce, entre une économie souterraine toujours très florissante et un impôt sur le revenu ne touchant qu’une infime partie de la population, sans oublier l’évasion fiscale des plus fortunés. Il s’agit d’un signal fort envoyé à l’Europe et au FMI, alors même que la pensée économique du continent pourrait être légèrement modifiée avec l’arrivée de F. Hollande. Bien plus qu’un signal, en réalité. Un véritable SOS, lancé par celles et ceux qui se réfugient dans le vote extrême pour oublier les craintes du futur. Quand une élection démocratique tourne à l’expression d’une colère plutôt qu’à la défense d’une réelle politique, cela montre bien qu’un ressort est profondément cassé…