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Qu’est ce que la doctrine Monroe ?

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Illustration comique de la vision états-unienne du continent américain selon la doctrine Monroe
Illustration comique de la vision états-unienne du continent américain selon la doctrine Monroe

Edictée en 1823, la « doctrine Monroe » a caractérisé la politique étrangère américaine durant le 19ème  et le 20ème siècle. Qualifiée de doctrine, il s’agit en fait d’un ensemble de principes définis par le président James Monroe lors de son message annuel au Congrès en décembre 1823. Ses propos visent spécifiquement les européens à qui il défend toute intervention dans les affaires américaines. Par «américaines », le président Monroe entend l’ensemble du continent américain de l’Alaska à la Terre de feu, comprenant ainsi l’Amérique du Sud partiellement décolonisée à l’époque.

Cette doctrine que l’on peut résumer à la formule énoncée par James Monroe lors de ce discours : « Aux Européens le vieux continent, aux Américains le Nouveau Monde », repose sur des principes simples. L’ensemble du continent ne peut plus être soumis à la colonisation ou à l’ingérence européenne qui sera considéré comme une menace pour la sécurité et la paix ; et de même, les Etats Unis s’abstiendront d’intervenir dans les affaires des pays européens. La référence à ces principes comme doctrine de politique étrangère n’eut lieu qu’à partir de sa désignation comme telle au milieu du 19ème  siècle. Tout comme la Russie maintient, qui tente de maintenir un « espace proche » sous son influence, les Etats Unis entendaient se poser comme défenseurs des jeunes Etats latino-américains contre une menace extérieure. Cette doctrine illustrent aussi la volonté des Etats Unis de se démarquer un peu plus de la puissance britannique.

Cette posture de politique étrangère d’affichage neutre cache néanmoins une volonté de contrôle, confiée par l’évolution de la doctrine. Complétée en 1904 par le « corollaire Roosevelt », la doctrine Monroe s’est ainsi essentiellement manifestée par un interventionnisme dans la zone latino-américaine afin d’y défendre les intérêts américains. Selon T. Roosevelt, les Etats sont égoïstes et cherchent principalement à défendre leurs intérêts, usant si besoin de la force. La neutralité et l’apparente volonté de non ingérence de la doctrine Monroe sont revisitées afin d’assurer aux Etats-Unis une sphère d’influence. L’évolution de la doctrine justifie ainsi les interventions dans son espace proche (Cuba, Panama, Haïti, Nicaragua), devenu une véritable « arrière cour».

Encore perceptible aujourd’hui dans les positions américaines, notamment en termes économiques avec le projet de Zone de Libre Echange des Amériques lancé par le président Bush dans les années 1990, la doctrine a été remise en cause par plusieurs éléments. Le contexte géopolitique mondial ayant changé, les espaces d’intérêts se sont modifiés, diminuant les convoitises européennes dans l’espace américain au profit d’autres zones comme l’Asie. De plus, les multiples tentatives d’unification de l’espace sud-américain traduites par la création d’organisations régionales comme l’UNASUR, mais aussi par l’émergence économique et diplomatique des pays latino-américains, constituent des modalités d’émancipation de l’influence américaine.

La doctrine Monroe semble ainsi avoir atteint ses objectifs. Elle a effectivement permis de tenir les Européens hors du continent, mais cela n’a été qu’une manière pour les Etats-Unis de justifier une nouvelle former d’ingérence servant leurs intérêts à moyen terme et divisant le continent à plus long terme.

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