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Les années Lula (2003-2011)

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En de nombreuses occasions, des hommes politiques, au pouvoir, ont radicalement changé la face de leur pays, en seulement quelques années. Citons parmi ceux-là Deng, Lee Kwan Yew, Mandela. Mais au XXI° siècle, seul un homme peut prétendre rejoindre cette liste : Luiz Inacio Lula da Silva. Cet ancien syndicaliste, fondateur du Parti des Travailleurs, a été élu en 2002 après trois échecs aux présidentielles. Il constitue alors le second maillon de la gauche sud-américaine, après Chavez, dans un style complètement différent. Son talent, durant ces huit années, a été tout autant de ménager les chefs d’entreprise (ce qui n’est pas évident pour un homme de gauche), tout en étant très populaire parmi les syndicats et les classes populaires.

L’action de Lula ne se cantonne pas à de grands investissements d’infrastructure, un programme d’augmentation de capital de Petrobras, la firme pétrolière, ou à des crédits pour faciliter le logement des plus pauvres. Dans les chiffres, son action est manifeste : réduction de la pauvreté de 35 à 22% de la population, baisse du coefficient de Gini de plus de quatre dixièmes, indiquant là une meilleure redistribution des richesses. Ce qui retient l’attention, c’est évidemment le programme Bolsa Familia : les familles pauvres voient à leurs salaires s’ajouter une aide mensuelle, qui bénéficie désormais à douze millions de foyers. Maintenir la politique économique de son prédécesseur de droite lui a valu quelques remontrances syndicales, mais la confiance qu’il a su construire au fil du temps par ses succès économiques et politiques a été maintenue sans relâche.

Néanmoins, les 7% de croissance annuels risquent d’être difficilement tenables à terme, car beaucoup pensent que le potentiel de croissance est en réalité inférieur. La consommation est stimulée par des taux de chômage incroyablement bas (environ 7%), et par une croissance du crédit sans fin. Le déséquilibre de la balance des paiements, éliminé durant la décennie, pourrait tout à fait refaire surface si ce déséquilibre demande/croissance perdure encore. La forte épargne intérieure, causée par des politiques d’austérité (afin de réduire la dette publique) handicape encore le Brésil. Et comme tout bon pays occidental, le vieillissement de la population pourrait être une contrainte majeure des années à venir. Mais Lula n’est pas un populiste, il continue son travail de sape pour faire du Brésil un des futurs pôles de richesse au monde. Et n’oublions pas ses succès internationaux : lutte contre le changement climatique, désamorçage des tensions sur le continent, accueil des prochains JO et de la Coupe du Monde de football. Charge à son successeur de faire aussi bien !

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