Réunion des membres du G7 à Washington vendredi : une nouvelle conférence de Londres ?
Les membres du G7 réunis vendredi soir à Washington, ont convenu que les mouvements désordonnés et excessifs des taux de change n’étaient pas souhaitables. Cependant, aucun terrain d’entente n’a été trouvé sur les actions à entreprendre pour faire face au problème, au grand dam du ministre des Finances canadien Jim Flaherty, dont le pays préside le groupe cette année.
Le président de la banque centrale brésilienne, Henrique Meirelles, a précisé que parvenir à un accord était « souhaitable » mais qu’« à court terme » il n’y croyait pas. Le Brésil est, en effet, accusé par les Etats-Unis comme par l’Europe de trop intervenir dans son économie et de pénaliser indirectement celle des autres. Meirelles est resté ferme sur ses positions en annonçant que son pays n’avait pas l’intention d’arrêter d’intervenir pour freiner l’appréciation du real. Le ministre brésilien des Finances, Guido Mantega, utilisant l’expression de « guerre des monnaies », a toutefois prévenu : « Si nous ne faisons pas face au problème dans son ensemble et laissons chaque pays mener sa politique, nous courons le risque d’un échec du G20 ».
La Chine n’est pas en reste, et est toujours fermement critiquée par les Etats-Unis et l’Europe pour sous-évaluer artificiellement sa monnaie. Les Occidentaux continuent de réclamer une hausse rapide du yuan, ce qui n’a pas l’air d’émouvoir le gouverneur de la banque centrale chinoise, Zhou Xiaochuan, qui réaffirme la réforme prudente de la politique de change de son pays : « Je crois que la différence, c’est que, en Chine, nous considérons qu’il s’agit d’une évolution progressive, graduelle, plutôt que d’une thérapie de choc ».
Le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, a appelé chacun à ses responsabilités pour ces négociations qui dureront tout le weekend. « Si vous voulez restaurer la confiance, dans un monde incertain, vous devez travailler ensemble. Si vous voulez remettre les gens au travail, vous devez travailler ensemble », a-t-il lancé aux pays émergents à l’assemblée des Etats membres du FMI. Mais, s’adressant notamment aux Etats-Unis, il a indiqué qu’« on ne peut pas attendre de la Chine qu’elle fasse cela du jour au lendemain ». Les Etats-Unis devraient renforcer le pouvoir du FMI sur cette question lors du prochain sommet du G20 en Corée du Sud les 11 et 12 novembre. En effet, plusieurs ministres des finances estiment que lui seul pourrait offrir une issue à la crise par le biais du renforcement de ses procédures de surveillance des changes.
Ces atermoiements rappellent douloureusement la Conférence de Londres en 1933 lors de laquelle les délégations des 66 pays les plus riches de l’époque avaient cherché une issue à la crise mondiale. Les partisans de l’isolationnisme avaient fini par l’emporter avec la fermeture économique des Etats-Unis décidée par Roosevelt, en accord avec sa politique de New Deal, qui avait poussé les autres à faire de même et ainsi plongé le monde dans une tension protectionniste grandissante. Le fiasco de la Conférence, dû à un mouvement de chacun pour soi général, semble devoir se répéter. Avec les mêmes conséquences ?