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Crise du COVID-19, quelles conséquences environnementales ?

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La crise sanitaire actuelle semble paradoxalement donner du répit à la planète. Le trafic aérien devenu quasi-nul, les déplacements quotidiens réduits au strict nécessaire, des industries à l’arrêt, et c’est la biodiversité qui semble reprendre ses droits. Mais pour combien de temps ?

Le risque d’une crise écologique « à retardement »

Depuis le début du confinement, la pollution diminue et les villes respirent mieux. Sur la seule région parisienne, on a assisté au 25 mars à une baisse de 65% des oxydes d’azote, et de 30% du dioxyde de carbone. Pourtant, ce constat est purement conjoncturel et incite à la prudence.

Si les thématiques environnementales semblaient bien installées dans le débat public, une incertitude plane quant à l’après-crise sanitaire. Ainsi, l’environnement était devenu la préoccupation majeure des français à la fin de l’année 2019, mais ce sont aujourd’hui les questions de santé, de chômage et de pauvreté qui dominent légitimement ce classement.

Les industries polluantes vont-elles devoir repenser leur modèle ?
Les industries polluantes vont-elles devoir repenser leur modèle ?

Ensuite, les enjeux énergétiques liés à la crise sanitaire pourraient davantage assombrir le tableau écologique. Il est d’abord probable que nombre d’États retardent leur transition énergétique. D’ailleurs, le problème se pose en France, où cette transition vers les énergies renouvelables est principalement financée par les taxes sur les produits pétroliers ou le charbon, dont la consommation a drastiquement diminué. L’effondrement des cours pétroliers, bien qu’offrant aux différents acteurs la possibilité de changer de paradigme, pourrait donc réduire les investissements et mettre un terme à de nombreux projets durables, comme au Moyen-Orient par exemple.

Face aux plans de relance, l’arbitrage écologique

Les plans de relance économiques seront déterminants. En Chine, on assiste déjà à une forte hausse de la consommation de charbon, pour soutenir la reprise économique, et de nombreux pays devraient suivre la même trajectoire. On peut également rappeler que la crise de 2008, si elle n’est pas de la même nature, ni de la même ampleur, que celle que nous traversons actuellement, avait entraîné une hausse des émissions de CO2.

Le problème qui se pose est alors celui de l’arbitrage entre une relance économique rapide « quoi qu’il en coûte », sans tenir forcément compte des injonctions environnementales, et une relance économique inédite, plus verte mais certainement plus lente. Cet arbitrage se décline d’ailleurs sur plusieurs échelles : il ne serait pas surprenant que les entreprises choisissent de réduire les budgets RSE (Responsabilité sociétale des entreprises), ou que les consommateurs privilégient moins l’alimentation bio, dans une logique d’économies de court-terme. Cette stratégie de court-terme, compréhensible en période de crise, n’en reste pas moins dangereuse sur le long-terme.

Pour une relance économique responsable et verte

Pourtant, la crise sanitaire actuelle représente aussi une formidable opportunité en vue de la lutte contre le réchauffement climatique.

Cette crise révèle d’abord les limites de l’économie mondialisée, notamment en termes de dépendance : de nombreux acteurs appellent à un mouvement de relocalisation par exemple. Les entreprises pourraient être tentées de miser sur un approvisionnement plus flexible, basé sur des circuits plus courts et moins polluants. Des solutions durables apparaissent aussi pour relancer l’économie :  les possibles investissements dans la rénovation énergétique pour soutenir le secteur du bâtiment par exemple.

Les États, confrontés à l’obligation de repenser leur modèle pour s’adapter, pourraient décider d’utiliser les fonds massifs consentis pour inscrire encore davantage les thématiques écologiques dans leur modèle économique. La France a d’ailleurs montré la voie, en conditionnant son aide à Air France à une forte réduction des vols intérieurs. La relance souhaitée ainsi que les fonds injectés dans l’économie permettraient alors de soutenir de véritables changements structurels.

Le Green Deal européen, malgré les critiques acerbes de la Pologne ou de la République Tchèque et l’inévitable report de certaines mesures, fournit un modèle et des lignes directrices aux États. En effet, la Commission Européenne a affirmé son souhait de faire de la lutte contre le changement climatique un des piliers de la relance sur le continent.

De manière plus générale, c’est une opportunité de « changer de modèle », car le fonctionnement de l’économie, tant national qu’international, est appelé à évoluer. Les États pourraient en profiter pour se baser sur de nouveaux indicateurs économiques afin de sortir du dogme du PIB. Il faudrait alors inclure la notion de soutenabilité de la croissance : c’est l’idée du PIB Vert, présenté au sommet Rio +20 en 2012.

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