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Accords Chine-Uruguay : vers une déstabilisation du Mercosur ?

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Ces dernières années, un sujet est régulièrement abordé dans les sociétés d’Amérique du Sud. Nous parlons du projet de traité de libre-échange de l’Uruguay avec la Chine. Une étude d’impact est actuellement en cours, ce qui en constitue le premier pas vers sa concrétisation. Au sein des autres pays du MERCOSUR, cette démarche dérange.

Qu’est-ce que le MERCOSUR ?

Rodolfo Nin Novoa, ministre uruguayen des affaires étrangères, pose avec Feng Zhenglin, directeur de l’aviation civile chinoise lors de leur projet d’amélioration des liaisons aériennes entre les deux pays pour le tourisme et le commerce.

Le « MERCOSUR » est un traité de libre-échange et de libre circulation des citoyens entre le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay. En plus des pays fondateurs, le Venezuela, a rejoint l’organisation ultérieurement (suspendu depuis ses problèmes d’instabilité internes). La Bolivie est actuellement en cours d’adhésion.

C’est le 3e marché commun après celui de l’Amérique du Nord et de l’Union européenne. Il est important de relever qu’il n’inclut pas de tarif douanier extérieur commun. Il n’a pas non plus de vocation politique et juridique. De leur côté, les autres pays sud-américains non membres constituent des pays associés.

Pourquoi se tourner vers l’Uruguay ? En quoi est-ce un problème pour le MERCOSUR ?

Sur un plan plus pragmatique, l’Uruguay est un pays très attirant pour les investisseurs étrangers, publics ou privés. Qualifiée de « Suisse de l’Amérique Latine », ce petit pays d’un peu moins de 4 millions d’habitants représente une terre d’accueil pour les capitaux étrangers, en étant un des plus stables de la région politiquement et en étant fiscalement avantageux.

Étant une organisation de libre-échange, l’influence chinoise en Uruguay est vue d’un œil distant par les autres pays membres. La tension qui existe depuis longtemps avec Montevideo s’est particulièrement intensifiée avec la visite du ministre uruguayen des affaires étrangères, Francisco Bustillo, en Australie et en Nouvelle-Zélande pour une éventuelle adhésion à un partenariat transpacifique. Les statuts du MERCOSUR, qui remontent à 1991, interdisent à l’un des quatre partenaires du bloc de signer des accords en dehors de la région sans l’accord des autres. Il était initialement prévu que ce genre de décision soit pris en concertation avec les autres pays membres et non pas individuellement. Indirectement, lorsqu’un pays opère avec le géant asiatique, il en implique l’économie et l’équilibre des autres. Pour grossir les traits, un autre traité de libre-échange de l’Uruguay avec Pékin pourrait en faire la « porte d’entrée » sur le marché de tous les pays du MERCOSUR.

Communiqué posté sur Twitter par les trois ministères des affaires étrangères conjoints.

Les ministères des affaires étrangères des trois autres pays concernés ont d’ailleurs publié un communiqué commun via Twitter pour exposer leur indignation (voir ci-contre).

Ne faisant qu’un seul bloc, ils exposent qu’ils se réservaient le droit d’agir en conséquence si les intentions de l’Uruguay se concrétisaient. L’argument de l’Uruguay est que le tarif extérieur commun qui s’applique aux partenaires rendrait ses importations inutilement coûteuses. De plus, l’absence d’accords de libre-échange entre l’organisation et les pays tiers entraverait directement son développement économique.

 

Pour aller plus loin

L’Uruguay désire s’imposer à l’échelle mondiale sur les enjeux géopolitiques du football. En effet, ils sont primordiaux tant sur le plan social en interne, que sur le plan économique. La Chine cherche quand à elle depuis plusieurs années à étendre son influence dans ce sport à travers le rachat (partiellement, majoritairement ou entièrement) de plusieurs clubs, tel que l’AC Milan, Aston Villa, Sochaux, le Slavia Prague… Et à travers son projet d’organiser une coupe du monde dans les années à venir. Peut-on y voir un rapprochement qui dépasse les échanges commerciaux ?

Du côté européen, l’Union européenne a signé en juin 2019 un traité de libre-échange avec l’organisation sud-américaine. Après 20 ans de négociations, il a néanmoins été rejeté par la France avançant l’argument des risques environnementaux. Depuis, l’accord est au point mort entre les deux organisations. L’UE constate déjà un recul des affaires européennes dans la zone.

De son côté, la Chine prend les devants. Pékin affirme sa volonté d’étendre son influence sur tout le sud de l’Amérique. Est-ce qu’un consensus est possible entre les pays de l’organisation ?

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Lucas Perard

Passionné de relations internationales, apprenant à l'INALCO en langue tchèque.

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