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Xi Jinping instaure un pouvoir illimité

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Dimanche 25 février, le Parti communiste chinois a exprimé son opinion favorable à une modification de la Constitution sur la limite des mandats présidentiels. Xi Jinping, reconduit en octobre 2017, pourrait ainsi se maintenir au pouvoir de manière illimitée. Cette perspective laisse entrevoir un modèle chinois volontairement différencié de l’Occident, posant la question des rapports de force à venir.

Xi Jinping.
Xi Jinping, leader chinois depuis 2012.

Xi Jinping avait déjà renforcé son pouvoir à l’occasion du XIXe Congrès du Parti communiste chinois d’octobre 2017. Son nom et sa « pensée », au même titre que Mao Zedong, avaient été inscrits dans la Charte du parti. Cet événement lui conférait une légitimité pérennisée et une influence considérable. Les interrogations fusaient déjà sur un possible changement de la loi, permettant au Secrétaire général et président de prolonger indéfiniment ce qui devait être son second et dernier mandat de cinq ans. En effet, le leader n’avait pas désigné de successeur potentiel lors du Congrès, comme cela se fait habituellement au sein du parti.

Un « gage de stabilité » teinté de censure

Dimanche 25 février, le Parti s’est donc officiellement positionné en faveur d’une modification de la Constitution, qui limite le nombre de mandats présidentiels à deux. Ces propositions d’amendements, qui lèvent les obstacles à un maintien de Xi Jinping au pouvoir, dataient de janvier 2018. Le leader ayant modelé le PCC au fil des années en plaçant des soutiens fidèles aux plus hauts postes, il sera probablement aisé pour lui de se faire reconduire durablement. Si des craintes d’un retour à l’autoritarisme sont soulevées par certains observateurs locaux, la presse officielle chinoise a présenté cette nouvelle comme un « gage de stabilité ». Sur les réseaux sociaux, les réactions contenant certains mots-clés comme « empereur », « je ne suis pas d’accord » ou « accéder au trône »[1] ont été censurées.

La pratique du pouvoir très individuelle de Xi Jinping est donc renforcée. Cela se traduira probablement par la poursuite de sa politique centrée sur le rayonnement de la puissance chinoise. Avec son projet des nouvelles routes de la soie, et face à la politique relativement isolationniste de Donald Trump, Pékin possède aujourd’hui une voie d’affirmation accrue de son influence que Xi Jinping peut désormais l’emprunter sans frein.

Quels équilibres régionaux et mondiaux pour le futur ?

En revanche, il est nécessaire de s’interroger sur les dérives possibles que pourrait engendrer une élimination progressive de toute opposition au sein du gouvernement chinois. Si la tendance se confirme et offre un rapport de force favorable à la Chine – et donc à son dirigeant – certaines tensions pourraient s’aggraver. En mer de Chine méridionale par exemple, où Pékin adopte déjà une ligne dure et intransigeante.

En parallèle, un autoritarisme accru du régime pourrait raviver les tensions sociales internes, dues aux nombreux défis nationaux auxquels la Chine fait face : endettement faramineux, pollution, profondes inégalités, démographie…  et potentiellement déstabiliser sa progression. Tout dépendra de l’efficacité de gestion du régime de ces problématiques essentielles.

Xi Jinping a toujours prôné l’avènement d’un modèle chinois, en refusant toute perspective d’adhésion aux valeurs démocratiques traditionnelles de l’Occident. Cette idéologie d’un socialisme à la chinoise risque donc de se confirmer et de se caractériser, plus que jamais, par un pouvoir centralisé et autoritaire. Un consensus à Pékin que certains observateurs qualifient de « totalitarisme de marché »[2]. Si la Chine avait bouleversé l’ordre mondial dans les années 2000, elle confirme sa place aujourd’hui avec un dirigeant qui, à 64 ans, veut imposer une position de leader pour sa nation.

[1] http://www.liberation.fr/planete/2018/02/27/mandat-illimite-pour-xi-jinping-la-chine-tente-d-etouffer-les-critiques_1632598

[2] François Bougon, Dans la tête de Xi Jinping, Solin/Actes Sud, 2017.

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Jessy PÉRIÉ

Diplômée d'un Master 2 en Géopolitique et prospective à l'IRIS, Jessy Périé est analyste géopolitique et journaliste, spécialisée sur la zone Asie orientale. Elle s'intéresse particulièrement aux questions de politique extérieure chinoise et japonaise.

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