Tunisie : 2015, l’année d’un nouveau souffle pour le pays ?
On le sait désormais puis le 21 décembre dernier, le nouveau visage de la Tunisie s’appelle Béji Caïd Essebsi, 88 ans et est le premier Président issu d’un processus démocratique depuis la Révolution dite du « Jasmin » qui a secoué le pays en 2010-2011. Son mandat sera marqué par la nouvelle Constitution adoptée le 26 janvier 2014 et considérée comme l’un des plus démocratiques de la région. Ancien Ministre d’Habib Bourguiba, et président du parti laïc Nidaa Tounès, victorieux aux législatives face au parti islamiste Ennhada, le nouveau chef de l’Etat devra achever une transition politique fragile, et faire face aux fragilités économiques et sociales qui touchent le pays.
Un Etat soumis à une pression extérieure croissante : la problématique sécuritaire
La Tunisie va devoir faire face à l’appétit de ses voisins, et notamment à celui de groupes extrémistes qui cherchent à étendre leur influence dans la région. La frontière avec la Libye, en proie au chaos depuis 2011, représente également une menace pour la sécurité du pays. Le 15 décembre 2014, des combats ont notamment eu lieu près du poste frontière de Ras Jdir entre le gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale et des factions opposantes de Fajr Lybia. Mais l’extrémisme s’immisce également à l’intérieur du pays. Dernier évènement en date, la mort d’un policier égorgé le 3 janvier dernier au nord-est du territoire. En tout, une soixantaine de membres des forces de l’ordre ont perdu la vie dans des attaques attribuées à des groupes terroristes. Plus avant, en 2013, deux hommes politiques de gauche, Chokri Belaïd et Mohammed Brahmi, ont été assassinés par des islamistes radicaux tunisiens. Le pays est également l’un des premiers pourvoyeurs de candidats à la guerre en Syrie et en Irak de la région (de 2 à 3 000 personnes) et compte plus de 2 millions de réfugiés libyens.
Le maintien de difficultés économiques et sociales internes
Si la transition démocratique tunisienne est un exemple dans la région, les déséquilibres entre le Nord, premier acteur et bénéficiaire de la Révolution, et le Sud, partisan forcé du mouvement, restent palpables. L’un était ainsi majoritairement favorable à Essebsi, et le second, plus conservateur, s’est tourné vers le candidat sortant, Moncef Markouzi. La confiance en la classe politique semble également en berne. Le second tour de l’élection a mobilisé seulement 60% des inscrits. Avec un taux de croissance de 2,8% en 2014 et un chômage à 15,2%, le pays peine à sortir de ses difficultés économiques. Selon les prévisions du FMI, l’inflation sera de 5% pour l’année en cours. Mais ces perspectives sont également le fait de la crise économique européenne, l’Union représentant le premier partenaire commercial du pays (80% de ses échanges).
Pour pallier ces déséquilibres, un prêt de 500 millions de dollars de la Banque mondiale est prévu pour le premier trimestre 2015, offrant de l’espoir aux partenaires du pays. La nomination d’un nouveau gouvernement pourrait alors être le point d’orgue d’une transition politique réussie, et permettre au peuple tunisien d’entrer dans une ère nouvelle, et de renouer avec un optimisme jusque là en berne.