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L’ombre d’Ebola grandit en Afrique de l’Ouest quelles réactions et conséquences ?

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L’épidémie Ebola « évolue plus vite que nos efforts pour la contrôler ». C’est par cette annonce fracassante que la docteur Margaret Chan, directrice chinoise de l’OMS, a résumé le sommet régional de Conakry le 1er août. L’épidémie, qui a débuté en février, et qui continue de faire des ravages, s’étend désormais à trois pays.

Le foyer du virus se situant à la croisée de la Guinée, du Sierra Leone et du Libéria, ces trois nations ont déjà pris des mesures draconiennes pour tenter de limiter la propagation du virus. Ce dernier étant extrêmement contagieux et mortel dans 60 à 90 % des cas, le bilan est lourd : 729 morts sur 1323 cas au 31 juillet selon l’OMS. En supplément des mesures prises par les pays concernés, Mme Chan a ajouté la création d’un fond de 100 millions de dollars pour les aider dans leur lutte. Les difficultés matérielles sont en effet criantes : la Guinée est dernière du classement mondial 2011 établi par la banque mondiale en matière de lits d’hôpitaux par habitants. Quant au Libéria et à la Sierra Leone, les deux pays sortent de presque 20 ans de guerre civile et leurs systèmes de santé sont à bout de souffle.

En attendant toute la région est en état d’alerte. La Côte d’Ivoire a annoncé qu’elle surveillait étroitement sa frontière et qu’elle y envoyait des épidémiologistes pour éviter une propagation du virus. Mais les échanges transfrontaliers et les liens familiaux peuvent permettre au virus de passer car Ebola met entre deux et vingt jours à incuber. Un nouveau cas a été diagnostiqué la semaine dernière au Nigéria : si le virus atteignait le pays le plus peuplé d’Afrique, les conséquences pourraient être désastreuses.

La tension causée par l’épidémie pousse aussi les différents acteurs à des réactions radicales. Mme Chang a ainsi dépeint un tableau apocalyptique de la crise en prévoyant des « conséquences catastrophiques en vies humaines et en perturbations socio-économique » si la situation continue à se détériorer, mais que l’épidémie peut néanmoins être endiguée. Cette fébrilité témoigne des difficultés de l’OMS à établir un plan rapide et efficace. Certains pays ont vite réagi : la compagnie Emirates a ainsi suspendu ses vols vers Conakry ; le Liban dont 20 000 expatriés vivent dans les trois pays touchés, a annoncé avoir pris des mesures de dépistage. La France et l’Allemagne déconseillent ces destinations à leurs ressortissants et les Etats-Unis ont rapatriés les humanitaires qui officiaient sur zone.

L’Union Africaine est, quant à elle, étonnamment silencieuse sur le sujet.

Même si Ebola tue moins dans cette région que la malaria, la virulence de l’épidémie impose des mesures drastiques. Mais endiguer la contamination n’est pas qu’une question d’effort financier : ce sont les petits gestes du quotidien et les habitudes ainsi que les déplacements des populations qui décideront si l’épidémie s’étendra ou se résorbera. Or les coutumes, comme la proximité avec les morts, sont de puissants agents de propagations de l’épidémie dans les familles. Quant aux difficultés économiques, elles poussent à prendre des risques pour subsister qui jouent en faveur du virus. Quelle qu’en soit l’issue, l’épidémie aura déjà marqué les peuples au-delà des questions sanitaires.

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