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Le processus de réintégration du Maroc dans l’Union Africaine : vers la fin d’une diplomatie trentenaire de la chaise vide ?

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En annonçant dans un message au 27e sommet de l’Union Africaine (UA) la volonté marocaine de “retrouver sa place naturelle et légitime au sein de l’UA”, le roi Mohammed VI a révélé au grand jour un projet diplomatique préparé de longue date. Alors que le Maroc avait bruyamment quitté ce même organe en 1984 refusant ainsi l’admission de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD), la diplomatie marocaine a accéléré durant l’été 2016 les tractations pour mieux faire aboutir ce voeu de retour. Cette stratégie diplomatique éclaire les limites de la diplomatie de couloirs marocaine dont les stratégies bilatérales ne correspondent plus aux réalités diplomatiques continentales. Ce revirement stratégique n’en doit pas pour autant cacher les conditions et les limites de ce voeu de réintégration.

Le roi du Maroc le 30 Juillet 2016 au Palais Royal
Le roi du Maroc le 30 Juillet 2016 au Palais Royal

L’histoire tourmentée des relations entre le Maroc et l’UA depuis l’admission de la RASD contraste avec le rôle déterminant du royaume chérifien dans les premiers temps de l’organisation panafricaine. Le Maroc est en effet présent dès 1958 à Accra posant les bases avec quelques autres Etats pionniers d’un projet d’organisation continentale. En 1961, la Conférence de Casablanca accouche d’une charte qui sera largement reprise lors de la création effective de l’Organisation de l’Union Africaine, ancêtre de l’Union Africaine. Le contentieux sahraouie sera néanmoins trop lourd pour le Maroc. Celui-ci refuse les velléités indépendantistes du Front Polisario-déclarant dès 1976 l’indépendance de la RASD soutenu en cela par l’Algérie- et “claque la porte” de l’UA lors de l’admission de la RASD en 1984.

Cette sortie brutale ne signifie pas pour autant la fin de l’influence marocaine dans le jeu diplomatique africain. Sous l’impulsion de Mohammed VI, intronisé nouveau monarque en 1999, le royaume s’affirme comme un véritable leader régional dans les domaines économique, militaire ou encore religieux le roi multipliant les tournées diplomatiques. D’un point de vue commercial, le royaume s’impose comme le premier investisseur africain en Afrique de l’Ouest développant une “coopération triangulaire” consistant en la canalisation de fonds internationaux destinés à des projets d’investissements en Afrique dont l’exécution est ensuite déléguée à des entreprises marocaines. Par ailleurs, le Maroc ne s’est pour ainsi dire  jamais vraiment éloigné de sa “famille institutionnelle” pratiquant une diplomatie de couloirs au sein de l’Union Africaine en pactisant de façon bilatérale pour mieux orienter les productions écrites selon ses propres intérêts. Cette politique de la chaise vide relative porté par un bilatéralisme affiché atteint pourtant depuis quelques années déjà ses limites à l’heure où l’UA est devenu un interlocuteur majeur pour les instances internationales dans la résolution de crises continentales. La stratégie marocaine d’endiguement de la RASD s’en voit également handicapée par cette absence de représentation marocaine, le monarque chérifien affirmant dernièrement sans détour : “quand un corps est malade, il est mieux soigné de l’intérieur que de l’extérieur.”

Lire aussi: https://les-yeux-du-monde.fr/actualite/afrique-moyen-orient/18130-maroc-la-confirmation-dune-vocation

Une réintégration bénéfique pour l’Union Africaine ?

Si la réintégration effective du Maroc dans l’organisation semble faire peu de doutes étant donné le nombre de pays soutenant le royaume, la question se complique lorsqu’on aborde les conditions posées par le Maroc. Le royaume  souhaite en effet la suspension pure et simple de la RASD et a réussi lors du sommet de Kigali à convaincre 28 pays de signer une motion en ce sens, motion non examinée du fait notamment de la persistance de poids lourds soutenant l’indépendantisme sahraouie et notamment l’Algérie. Derrière ce bras de fer la rivalité algéro-marocaine est ainsi latente et pourrait être au détriment du bon fonctionnement de l’Union Africaine. Au-delà de ces facteurs extérieurs, se pose aussi la question de l’immobilisme d’une institution lorsque confrontée à des crises aussi graves qu’Ebola ou que celle au Soudan du Sud. Le Maroc s’impose en cela comme un véritable atout de par son poids économique, son savoir-faire militaire et sécuritaire mais également sa proximité occidentale, de par ses échanges commerciaux avec l’Europe ou de par sa coopération militaire avec les Etats-Unis. Le Prochain sommet de l’UA à Addis Abeba en Janvier 2017  sonnera ainsi comme une tentative d’aboutissement final pour la diplomatie marocaine.

Sources:

  • Presse

http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/07/20/le-maroc-fait-un-pas-vers-l-union-africaine_4972041_3212.html

http://www.lemonde.fr/international/article/2016/07/19/l-union-africaine-s-apprete-a-reintegrer-le-maroc_4971792_3210.html

http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/07/18/ce-message-de-mohamed-vi-qui-veut-le-retour-du-maroc-au-sein-de-l-union-africaine_4971339_3212.html

http://www.jeuneafrique.com/mag/344152/politique/union-africaine-maroc-a-manoeuvre/

http://www.jeuneafrique.com/343443/politique/lalgerie-ladhesion-maroc-a-lunion-africaine-ne-dependre-de-suspension-de-rasd/

http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/07/14/le-maroc-prepare-a-kigali-son-retour-au-sein-de-l-union-africaine_4969585_3212.html

http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/07/18/ce-message-de-mohamed-vi-qui-veut-le-retour-du-maroc-au-sein-de-l-union-africaine_4971339_3212.html

http://blogs.timesofindia.indiatimes.com/talkingturkey/look-to-the-future-why-african-union-must-welcome-back-morocco/

http://telquel.ma/2016/07/20/retour-du-maroc-lunion-africaine-les-soutiens-du-maroc_1507114

http://www.courrierinternational.com/article/maroc-la-reconquete-de-lunion-africaine

  • Articles de recherche
  • Bennafla Karine, « Introduction », Confluences Méditerranée 3/2011 (N° 78) , p. 9-24

URL : www.cairn.info/revue-confluences-mediterranee-2011-3-page-9.htm.

  • Vloeberghs Ward, « Quand le royaume rayonne. La géopolitique marocaine au prisme du commerce extérieur», Confluences Méditerranée 3/2011 (N° 78) , p. 157-170

URL : www.cairn.info/revue-confluences-mediterranee-2011-3-page-157.htm.

Pour aller plus loin:

-Synthèse pour comprendre le conflit au Sahara Occidental

http://www.diploweb.com/Le-Sahara-Occidental-aiguise-les.html

-Etude sur les relations entre les Etats de l’Union du Maghreb Arabe et l’Union Africaine

http://www.strategicsinternational.com/32_07.pdf

 

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