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Le Président Macron veut réhabiliter la France en Libye

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Mardi 25 juillet 2017, Emmanuel Macron recevait au château de la Celle-Saint-Cloud le Premier ministre libyen Faïez el-Serraj, reconnu par la communauté internationale et le maréchal Haftar qui contrôle une grande partie du territoire à l’est de la Libye. Hormis l’objectif d’une déclaration commune entre les deux dirigeants, cette rencontre avait deux enjeux majeurs : la reconnaissance du maréchal Haftar par un État occidental et la résurrection de la diplomatie française en Libye, après que Paris ai été un des acteurs principaux de la chute de Kadhafi.

Cette rencontre entre les deux dirigeants libyens suit parfaitement le calendrier diplomatique du président français. Depuis son investiture, il n’a cessé de prôner l’union au sein de la communauté internationale que ce soit avec Vladimir Poutine, Donald Trump ou Benyamin Netanyahou. Dans ce cadre, il semblait opportun pour Emmanuel Macron d’inviter Faïez el-Serraj et le maréchal Haftar afin de stabiliser la situation dans le pays en proie au chaos depuis la révolution. Un chaos, en partie, imputable à la France, après son intervention en 2011 contre le régime de Mouammar Khadafi et son incapacité à le remplacer par un État libyen stable. Avec cette tentative de mettre fin au conflit, le président souhaite laver l’honneur de la France en rompant avec « la politique néo-conservatrice » de ses prédécesseurs. Une politique néo-conservatrice qui n’aurait, en effet, pas accepté de reconnaître un ancien proche de Khadafi (devenu son opposant), prônant le retour à un régime militaire et tenté par l’autoritarisme.

 

Carte des forces en présence en Libye. En bleu les territoires contrôlés par le maréchal Haftar, en vert ceux contrôlés par le gouvernement.

L’ascension inéluctable de Khalifa Haftar

Cependant, la realpolitik oblige à reconnaître le maréchal Haftar comme l’homme fort de la Libye. Bien au contraire, les positions du gouvernement officiel sont de plus en plus fragiles. Alors que les troupes de Khalifa Haftar (en bleu sur la carte) ont fait reculer les djihadistes dans une grande partie de l’est de la Libye et ont libéré Benghazi, le gouvernement d’entente nationale, dirigé par el-Sarraj (en vert sur la carte), est encerclé par ces mêmes groupes djihadistes. En l’invitant à la Celle-Saint-Cloud, Emmanuel Macron offre au Maréchal Haftar, déjà soutenu par la Russie, l’Égypte ou les Émirats arabes unis, une reconnaissance occidentale.

Sûr de sa force, le maréchal Haftar a accepté de signer une déclaration commune avec Faïez el-Serraj, aboutissant à des élections en 2018. Si la popularité du maréchal est effective à l’est, l’ouest de la Libye, voit d’un mauvais œil l’arrivée au pouvoir d’un militaire, rappelant l’époque de Khadafi. Et malgré cet accord entre les deux hommes, l’influence de Faïez el-Serraj est limitée dans l’ouest libyen. En effet, le chef du Conseil présidentiel ne possède pas d’armée à proprement parler et son pouvoir dépend de plusieurs milices autonomes. Des milices qui se sont formées en 2011 après la révolution et qui, elles aussi, ne veulent pas voir l’armée prendre le contrôle du pays. Il est peu probable que le gouvernement d’« union nationale » libyen arrive à faire accepter à ces milices l’arrivée officielle du maréchal Haftar dans le jeu politique du pays.

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Fabien HERBERT

Fabien Herbert est Président des Yeux Du Monde et rédacteur géopolitique pour l'association depuis mars 2016. Formé à l’Université Catholique de Louvain, Fabien Herbert est journaliste et analyste spécialisé en relations internationales. Il s’intéresse notamment au monde russophone, au Moyen-Orient et à l'Asie du Nord-Est.

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