Reprise des négociations sur le conflit syrien
Entre les 20 et 24 novembre derniers, plusieurs rencontres importantes étaient organisées dans le cadre du règlement politique de la crise syrienne. En l’espace de quelques jours le président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine a successivement rencontré son homologue syrien Bachar Al-Assad, puis Hassan Rohani, le président iranien et Recep Tayyip Erdogan, le président turc. Dans le même temps 150 opposants syriens étaient conviés à Riyad pour mettre en place une feuille de route commune, dans la perspective de la reprise des négociations à Genève à partir du 28 novembre.
Vladimir Poutine omniprésent
Alors que la population russe attend toujours l’officialisation de la candidature de V. Poutine aux élections présidentielles de mars 2018, ce dernier préfère occuper le terrain autrement, à travers sa politique étrangère. La semaine du 20 novembre fut chargée pour le maître du Kremlin, qui a accueilli à Sotchi tout d’abord Bachar Al-Assad pour une « visite de travail » dans la perspective de futures négociations. Puis, un sommet a eu lieu deux jours plus tard avec les présidents Erdogan et Rohani. Cette rencontre trilatérale, avait pour objectif d’évoquer le règlement politique du conflit dans la continuité du processus débuté depuis la conférence d’Astana.
À Riyad, l’opposition s’accorde
L’autre événement de la semaine se tenait à Riyad, où l’opposition syrienne a unifié sa position. Un nouveau « Comité de négociation » a été créé avec plusieurs formations soutenues par la Russie, et donc bien plus souple face au régime syrien. Cette rencontre a par ailleurs abouti sur le fait que le départ d’Assad n’était pas un préalable à des négociations directes. Ce qui renforce encore davantage la position russe. Si l’Arabie saoudite, qui accueillait cette rencontre, a compris que ses deux ennemis, Damas et Téhéran étaient en passe de remporter leur confrontation indirecte dans le conflit syrien, elle souhaite une victoire réduite au strict minimum pour l’Iran.
Dans cette perspective, le royaume compte sur Moscou pour encadrer le rôle de l’Iran dans les futures négociations. De son côté V. Poutine a besoin de la coopération des Américains et des Saoudiens pour traduire sa victoire militaire en victoire politique. Pour cela, il lui faudra mener une diplomatie subtile pour satisfaire à la fois l’Iran et l’Arabie saoudite. La Russie est donc omniprésente en coulisse alors que les négociations à Genève sous l’égide de l’ONU vont reprendre. Comme le note Jean de Gliniasty, ancien ambassadeur de France en Russie et directeur de recherche à l’IRIS : « Le paradoxe de la situation est que, si l’axe Washington/Ryad/Tel Aviv donne un satisfecit à la Russie, on s’achemine vers une solution qui est celle soutenue par les Russes lors de la première réunion de Genève le 30 juin 2012. ».