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Rétrospective 2017 : la crise entre l’Arabie saoudite et le Qatar

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Le 5 juin 2017, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Bahreïn et l’Égypte ont annoncé la rupture de leurs relations avec le Qatar et la fermeture des frontières aériennes, maritimes et terrestres avec l’émirat. Retour sur cet événement majeur de l’année au Moyen-Orient.

C’est probablement l’une des plus graves crises diplomatiques qu’a connu le Moyen-Orient ces dernières années. Alors que les tensions dans la région ne cessent d’augmenter depuis les Printemps arabes, cette décision unilatérale prise par l’Arabie saoudite et ses alliés, avec la bénédiction de Donald Trump, aura très probablement une grande influence sur les alliances régionales et la situation en Syrie, en Irak et au Yémen. Les pays qui ont pris cette décision ont accusé le Qatar de financer le terrorisme international et lui reprochent sa proximité avec des organismes tels qu’Al-Qaïda et l’État islamique. Ils lui reprochent aussi les relations qu’il entretient avec l’Iran, principal pourvoyeur du terrorisme à l’échelle mondiale selon l’Arabie saoudite et l’administration américaine. Le Qatar de son coté a dénoncé « une violation de sa souveraineté » et a protesté contre l’embargo qui lui a été imposé, refusant les conditions émises par la coalition menée par l’Arabie saoudite.

Une rivalité idéologique

Si la raison officielle qu’a présentée l’Arabie saoudite pour justifier cette décision est le financement du terrorisme par le Qatar, il n’en reste pas moins que le Qatar est avant tout un rival idéologique pour la monarchie wahhabite dans la région. Le Qatar a, depuis les années 1990, cherché à étendre son influence par l’appui des mouvements islamistes reliés à la confrérie des Frères musulmans, ennemi idéologique de l’Arabie saoudite. Les Frères musulmans acceptent en effet d’évoluer dans un système politique régit par des lois républicaines, c’est une idéologie expansionniste qui vise à créer un mouvement musulman transnational. De son côté, le Wahhabisme prône un Islam beaucoup plus rigoriste et se limite aux terres saoudiennes. Depuis 2011 et les Printemps arabes, les deux États se sont affrontés par le biais de soutiens politiques, notamment en Égypte où le Qatar a soutenu et financé l’ex-président Mohamed Morsi, candidat des Frères musulmans, renversé en 2013 par le maréchal Sissi dans un coup d’État soutenu cette fois par l’Arabie saoudite. En Tunisie, le Qatar a apporté son soutien au parti islamiste Ennahdha qui a gagné les élections de 2011, avant de céder la place au parti Nidaa Tounes en 2014, appuyé par les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite. Cela n’a toutefois pas empêché le rapprochement du Qatar et de l’Arabie saoudite sur la question syrienne, les deux États souhaitant le départ de Bachar al-Assad.

Une guerre froide au Moyen-Orient

En plus de l’aspect idéologique, la géopolitique joue un rôle prépondérant. Le Qatar a en effet toujours cherché à être plus ou moins conciliant avec son voisin iranien, et pour cause, les deux États partagent le plus grand gisement de gaz naturel du monde, le North Field. Celui-ci a fait du Qatar premier exportateur de gaz liquéfié mondial. La position géographique et le rapport de force militaire entre le géant iranien et le petit émirat oblige le Qatar à adopter une politique de rapprochement avec son voisin. De plus, les deux États sont alliés objectifs dans la question palestinienne, le Qatar soutenant le Hamas, et l’Iran le Hezbollah dans la résistance face à Israël. Tous ces éléments contribuent au rapprochement des deux États, ce qui irrite l’Arabie saoudite qui voit en l’Iran le principal concurrent régional et probable frein à sa tentative d’hégémonie. Ainsi, la haine portée par Donald Trump envers l’État chiite a motivé l’escalade de tension entre les deux grandes puissances régionales. Le Qatar se retrouve alors dans une situation délicate entre les deux géants : l’Arabie Saoudite, un État sunnite avec qui il est membre du Conseil de Coopération du Golfe, et l’Iran, un État chiite avec qui il se doit de garder de bonnes relations.

Et maintenant ?

L’embargo n’a toujours pas été levé. Toutes les tentatives de recherche de solutions pour la paix ont échoué. En décembre dernier, le roi d’Arabie saoudite a refusé d’assister au sommet du Conseil de Coopération du Golfe à cause de la présence de l’émir du Qatar. Les deux États sont de plus en plus loin, tandis que le rapprochement entre la Turquie et l’Iran pourrait pousser le Qatar à définitivement rejoindre l’axe formé par la Russie, l’Iran et la Turquie. Cette dernière est aujourd’hui le principal allié du Qatar dans la région en raison du soutien de l’émirat à l’AKP, parti du président Erdogan.

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