Proche et Moyen-Orient

La guerre en Irak est finie ! Du moins officiellement…

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Au cours d’une cérémonie sous haute garde à l’aéroport de Bagdad, le secrétaire américain à la défense, Leon E. Panetta, a officiellement annoncé la fin de la mission de l’armée américaine en Irak.

Pourtant, c’est un lieu commun de souligner qu’après près de neuf années de présence en Irak, l’armée américaine n’a pas réussi à stabiliser le pays. D’un point de vue politique, la démocratie irakienne est encore loin d’être capable de surmonter l’opposition entre les sunnites (sur lesquels s’appuient les américains) et les chiites majoritaires, alors même que les kurdes ont de facto constitué un état autonome au nord. Les troupes américaines font encore quotidiennement face à des embuscades et à des attentats, notamment dans le sud du pays. Les chrétiens d’Irak continuent de fuir le pays pour sauver leur vie. Si les exportations de pétrole ont retrouvé leur niveau de 2003, le reste de l’économie est en lambeaux. La liste est longue.

Comme l’a souligné M. Panetta, « les Etats Unis resteront aux côtés du peuple irakien pour construire une nation forte et prospère ». De fait, ce retrait n’est qu’officiel, et son utilité première est politique : alors que la campagne présidentielles américaine se profile à l’horizon, M. Obama peut dire que « le travail a été fait ». Certes, il n’y a aujourd’hui plus que 4 000 soldats américains sur le sol irakien (en 2007 ils étaient près de 150 000) et ces derniers quitteront le pays d’ici au 31 décembre. Mais plusieurs centaines de soldats et de civils (fonctionnaires du Pentagone pour la plupart) resteront et seront rattachés à l’ambassade des Etats Unis.

En effet, Washington ne peut se permettre de quitter définitivement le pays, les enjeux sont beaucoup trop grands. Ainsi, si la guerre est finie, de nombreux combats restent à mener.

Le premier problème que les américains doivent encore résoudre est d’ordre géostratégique. L’armée irakienne est extrêmement faible : entièrement démantelée après la chute de Saddam, sa mission de défense du territoire a depuis lors été assurée par l’armée américaine. Or, l’Irak a un puissant voisin, son ennemi héréditaire, l’Iran. L’Iran qui finance et arme ouvertement les milices chiites irakiennes. Ainsi, les cadres américains restant ont pour mission de former l’armée irakienne et de « gérer et distribuer les armes vendues à l’Irak », selon un officiel du Pentagone : les Etats unis ne peuvent admettre une Irak faible alors que les tensions avec l’Iran ne semblent pas devoir se calmer. L’enjeu est également économique, car l’état irakien n’a pas les moyens d’assurer la sécurité de ses installations pétrolières, notamment en offshore. Cette mission est donc tout naturellement transférée aux dizaines de milliers de mercenaires présents dans le pays… La question devient alors politique : la démocratie irakienne, déjà très faible, peut elle se renforcer tout en privatisant sa sécurité ?

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