100 ans du génocide arménien : une plaie de l’Histoire toujours ouverte
Il est considéré par certains comme le premier génocide du siècle. A l’heure de la commémoration de son centenaire, le conflit qui opposa l’Empire ottoman à sa minorité arménienne, est aujourd’hui encore à l’origine de nombreuses tensions politiques, que ce soit au sein des Etats européens, ou entre la puissance politique turque et l’Etat arménien, qui encourage la continuité d’un devoir de mémoire.
Un passage douloureux de l’histoire de l’Europe de l’Est
A la fin du XIXème siècle, le peuple arménien représente une minorité chrétienne de 2 millions d’habitants intégrée au sein de l’Empire ottoman (qui a donné naissance à la Turquie en 1923). Il représentait 10% de la population totale du territoire, composée notamment de 3 millions de turcs, et de nombreuses minorités, formant ainsi une véritable mosaïque de peuples (Kurdes, Grecs, Lazes etc). Territoire initialement prospère, l’empire Ottoman entre dans une période de déclin au XIXème siècle, qui se traduit par l’acquisition progressive de l’indépendance de ses minorités. Ce fût le cas de la Grèce en 1821, puis à la fin du siècle, de la Serbie, du Monténégro, ou encore de la Roumanie.
L’arrivée en 1909 d’un nouveau gouvernement dit « des jeunes Turcs », marque l’avènement d’un Etat nationaliste et le début des persécutions à l’encontre des arméniens. Mais ce n’est qu’après le début de la Première guerre mondiale, au cours de laquelle les turcs selon les alliée de l’Allemagne et de l’Empire Austro-hongrois, que le terme génocide trouvera toute sa légitimité. Leur défaite face à la Russie notamment en 1914, composée de nombreux arméniens et alliée des occidentaux, et à la proclamation d’un gouvernement autonome par les arméniens dans la ville de Van, achèveront de forger le ressentiment à l’égard de cette minorité.
Entre 1914 et 1916 (et jusqu’à la fin du premier conflit mondial), déportations, famine et persécutions vont faire entre 1,2 et 1,5 million de victimes dans la population arménienne. Pourtant, la question de l’emploi du terme « génocide », comme on le sait, divise encore.
La question de la reconnaissance : une problématique qui ne fait pas consensus
La reconnaissance du génocide arménien cristallise aujourd’hui encore bien des tensions au sein de la communauté internationale. Seuls 24 Etats dans le monde, dont la France, le Liban, la Syrie, la Belgique, ou encore l’Italie et la Russie l’ont reconnu juridiquement. D’autres, comme l’Angleterre, ont opté pour une reconnaissance partielle.
Mais l’acte de reconnaissance le plus attendu est évidemment celui du gouvernement turc. Si des commémorations ont été organisées dans de nombreuses grandes villes de Turquie (exceptée Istanbul), les dirigeants politiques du pays se refusent à opter pour une réelle reconnaissance. Ce vendredi 24 avril, le premier Ministre turc Recep Tayyip Erdogan a réaffirmé le refus de son pays de reconnaître ce que désormais, plusieurs Etats qualifient de « génocide », ou que d’autres, plus mesurés, qualifient de « massacres ». Ce dernier a ainsi a accusé les présidents français, allemand et russe, « de soutenir les revendications basées sur les mensonges arméniens ».
Un siècle plus tard, les relations entre les deux pays, restent donc empreintes de cette page tragique de l’Histoire. Mais la Turquie, qui cherche continuellement à intégrer les frontières de l’Union européenne, dont les Etats pour beaucoup reconnaissance l’existence d’un génocide devra certainement, au cours des prochaines années et dans l’hypothèse de l’élargissement de la reconnaissance à d’autres Etats, modérer sa politique, que beaucoup qualifient de déni.