Le tourisme en Espagne : les effets de la crise mondiale et les prémices de la reprise
La crise économique mondiale a des répercussions plus profondes sur certains secteurs d’activité. En Espagne, troisième pays le plus visité au monde après la France et les Etats-Unis, le secteur touristique, qui représente plus de 5% du PIB national, est particulièrement touché. Or, cela a aussi un effet de domino sur d’autres domaines.
Dès 2008, la fréquentation touristique en Espagne commençait à baisser, du fait du ralentissement de la croissance mondiale et du prix élevé du pétrole, qui rendait les coûts de déplacement bien plus élevés. Cette année là, l’Espagne a recensé 57,4 millions de touriste, contre 59,2 millions en 2007. Principaux touristes, les Britanniques ont souvent réduit ou tout simplement annulé leurs vacances en Espagne l’an dernier, une chute de fréquentation de plus de 20%. La baisse de la livre sterling n’y était d’ailleurs peut-être pas étrangère. Mais la fréquentation allemande et française, elle aussi, a reculé. Résultat, seulement 52 millions de touristes étrangers ont visité l’Espagne en 2009. Il semble que l’épidémie de grippe A ait également fait renoncer de nombreux voyageurs à partir. Par conséquent, les recettes liées à la manne touristique ont également chuté.
Cette situation affecte durement d’autres secteurs tels que le BTP : en effet, de nombreux projets immobiliers touristiques sont en faillite. Le recul de ce secteur a un effet d’entraînement beaucoup plus important que l’on ne le croît : il est à l’origine d’un fort chômage qui réduit notamment la consommation intérieure et affecte ainsi l’ensemble de l’économie espagnole. Beaucoup d’emplois saisonniers, directement liés au tourisme, ont également été supprimés. Le secteur hôtelier est évidemment très touché, et le temps où tous les hôtels affichaient complet est aujourd’hui lointain. Le manque à gagner a également fait apparaître au grand jour le déficit de la balance commerciale espagnole.
Pourtant, 2010 semble être l’année de la reprise du fait de la hausse de la demande internationale. La ville de Valence, par exemple, qui s’apprête à bénéficier de la ligne de train à grande vitesse depuis Madrid, espère connaître en 2010 une croissance de la fréquentation touristique de plus de 10%. Barcelone table également sur une augmentation de 12 à 15% des réservations. La baisse de l’euro peut aussi revigorer le tourisme britannique, qui représente plus de 20% du total des vacanciers.
Néanmoins, malgré cette croissance espérée, les chiffres du tourisme espagnol devraient rester en-deçà de ceux de 2007. Quoi qu’il en soit, étant donné les effets d’entrainement du secteur touristique sur l’économie, cela ne peut qu’être positif pour l’Espagne. Mais le pays devra diversifier son économie, sous peine de voir sa santé fluctuer très sensiblement au gré de la conjoncture économique internationale.