EnergieMondialisation et enjeux

L’erreur de l’OPEP dans le contexte pétrolier actuel

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La baisse des cours du pétrole enregistrée depuis l’été (cours divisés par deux) touche tous les acteurs majeurs du secteur, que ce soient les grands producteurs ou les groupes pétroliers. Pourtant, l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) ne semble pas réagir face à ce qui pourrait affecter durablement ses membres.

L'OPEP prend-elle la mesure des événements actuels ?
L’OPEP prend-elle la mesure des événements actuels ?

Un baril à 60 dollars, voire à 40 l’an prochain, voilà le fruit d’une demande internationale ralentie et d’une offre toujours aussi diversifiée et moins risquée. L’impact sur de grands producteurs politiquement instables, comme la Russie et le Venezuela, a déjà été présenté. De son côté, même si son poids continue de diminuer, l’OPEP demeure un acteur majeur du secteur. Sa décision de maintenir sa production à 30 millions de barils par jour, dans un contexte fortement baissier, a de quoi surprendre.

La logique économique voudrait que  l’OPEP diminue sa production, pour faire monter les prix. Cela causerait un gain de parts de marché pour les non-OPEP, comme les Etats-Unis. Et de cela, l’OPEP n’en veut pas. L’OPEP renonce ainsi à son influence sur les prix, devenant désormais « price taker », pensant que cette baisse des cours est provisoire, et qu’elle affectera moins l’organisation que des pays s’étant lancés dans l’offshore profond ou le pétrole non-conventionnel, plus cher et moins rentable.

L’incompréhension des mouvements du marché pétrolier

La chute de la demande ne s’explique pas seulement par une transition énergétique extrêmement lente. Elle provient également du fait que les prix étaient trop hauts (au-delà de 100$) pour une bonne partie de la demande mondiale. De plus certains grands importateurs, comme les Géants asiatiques, ont réduit leurs subventions énergétiques très récemment, avec un impact clair sur la demande. Impact qui continuera à se mesurer, faisant penser que la modération de la demande puisse durer longtemps.

De plus, une telle chute des cours n’affecte que les grands projets futurs des compagnies pétrolières, très peu les actuels. C’est en effet lorsque les projets actuels verront leur retour sur investissement véritablement affecté par la baisse des cours que des puits fermeront, par exemple. Et nous en sommes assez loin dans de nombreux pays, puisque les coûts d’investissement et d’opération (les fameux CAPEX et OPEX pétroliers) suivent cette baisse des cours.

En réalité, ce maintien de la production de l’OPEP démontre que l’Organisation tarde à  prendre en compte l’évolution du marché pétrolier mondial. Certes, cette baisse des cours rogne les profits des compagnies pétrolières, mais le filet de sécurité est encore grand et celles-ci vont continuer leurs projets d’investissement, moyennant certaines modérations néanmoins. Mis à part l’Arabie Saoudite, l’un de ses plus éminents membres, soupçonnée d’entente avec les Etats-Unis pour cette baisse des cours, les autres pays n’ont pas l’influence diplomatique et économique de permettre cette tendance baissière sur le temps long. A eux d’éventuellement réagir avant qu’il ne soit trop tard.

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