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Le Super Bowl, le sport et la mondialisation

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Hormis pour les plus braves, ou les plus insomniaques, regarder le Super bowl en France relève d’une curieuse folie ou d’une folle curiosité. Outre la non-compréhension de règles multiples, des arrêts de jeu à répétition et le très mauvais cadrage, les Européens voient dans ce sport un amalgame raté du rugby et du football. Pourtant, aux Etats-Unis où je réside, la perception est différente.

Les Ravens de Baltimore viennent de triompher contre les 49ers de San Francisco devant près de 111 millions de personnes aux USA et plus d’un milliard sur la planète. Les médias ont toujours couvert le sport mais avec l’apparition de la télévision et le début des retransmissions en direct, le sport est entré dans une nouvelle ère. Il est devenu un « fait social total » pour reprendre Marcel Mauss et a participé à l’avènement d’une mondialisation globalisante favorisant les points de connexion entre les peuples.  Le sport a participé à l’occidentalisation du monde et a effacé de nombreuses pratiques typiques et locales. Le football, le basketball, le tennis se sont presque partout imposés. La présence américaine après-guerre au Japon fit du baseball le sport le plus pratiqué sur l’archipel !

Avec une telle audience cumulée, le  Super bowl est un évènement télévisuel, surtout lorsque l’on s’appelle Pepsi, Toyota, Budweiser ou Mercedes. L’enjeu est avant tout commercial car pour pénétrer un marché immense de 300 millions de consommateurs assoiffés de sodas et de divertissements, il ne faut pas hésiter à dépenser près de  4 millions de dollars pour 30 secondes de diffusion. Et pour attirer la ménagère américaine devant ce match de football américain qui fascine majoritairement un public masculin, les chaînes lancent leur campagne de publicité le même soir. Effets spéciaux garantis. Tous les américains vous le diront : pour inintéressant que le match soit, les « commercials » pullulent et ravissent les téléspectateurs. Le sport devient ainsi une vitrine commerciale de notre « village global » où les messages publicitaires des FMN transcendent les frontières et créent une culture commune où sont partagés spots et stars.

Pourtant, le football américain, religion aux USA, ne parvient pas à s’exporter.  Tout comme le sumo du Japon, le cricket en Inde, la pétanque française. Le sport est aussi un lieu de refuge culturel, un lieu de particularisme, de refus de la mondialisation. Une fierté locale. Ces particularismes s’expliquent certes par une résistance du village mais aussi pour des raisons économiques. Le football américain et le football ne parviennent pas à franchir l’Atlantique pour la même raison : les publicités. Trop nombreuses lors d’un match de football américain pour l’Europe ; trop peu nombreuses en raison du manque d’arrêt de jeu lors d’un match de football pour les USA. Particularisme à épargner ou épargne globale difficile à attaquer ?

La mondialisation a changé la face du sport ; le sport a accompagné le développement de la mondialisation. Aujourd’hui leur destin sont liés. Tous deux oscillent du globalisme au particularisme. Le Super bowl en est une manifestation.

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