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La zone euro tiendra-t-elle le choc ?

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En 1961, R.Mundell publie Théorie des zones monétaires optimales, ce qui lui vaudra d’obtenir le prix Nobel en 1999. Ces travaux serviront de fondements théoriques à la création de la zone euro, et sont aujourd’hui au cœur des débats. En effet, la zone euro est actuellement remise en cause. Les déséquilibres structurels des pays de la zone sont tels que certains économistes prédisent sa fin comme J.Sapir. Les taux de chômage montrent l’ampleur de la dissymétrie avec laquelle les économies européennes ont réagi face à la crise (26,7% en Espagne, 5,2% en Allemagne) et posent la question de la cohérence de la cohabitation de pays aussi différents au sein d’une même zone monétaire. La zone euro tiendra-t-elle le choc ?

R.Mundell dans son article de 1961 expose les caractéristiques d’une zone monétaire optimale. L’élément clé d’une telle zone est la mobilité des facteurs de production (capital et travail). Cette mobilité permet le rééquilibrage entre les territoires frappés asymétriquement par les chocs économiques. Ainsi aux États-Unis lorsque du fait de la crise de l’automobile le chômage augmente dans le Michigan, la main d’œuvre part dans les autres états. L’équilibre se fait donc naturellement grâce à la mobilité du travail. Une zone monétaire unifiée a l’avantage de faire disparaître les coûts de transaction liés à la conversion, et évite l’incertitude des fluctuations sur les marchés financiers. Ces avantages sont importants surtout pour des économies dont l’intégration économique est forte. Ces arguments ont convaincu les Etats de créer l’euro en 1999 et d’abandonner ainsi à l’Europe le pouvoir régalien de la monnaie qui permettait auparavant par une dévaluation de combler les écarts de compétitivité coût.

Cependant il s’avère que la zone euro n’est pas en réalité une zone monétaire optimale, et c’est là que le bât blesse. En effet, la mobilité des facteurs de production n’est que partielle. Les flux de travailleurs existent mais sont incapables de résoudre le problème du chômage, à cause de la barrière de la langue. Pire la compétitivité n’est pas homogène partout, et les écarts n’ont fait que se creuser entre le Nord et le Sud de l’Europe avec la création de l’euro (cf graphique). Les pays du Sud sont contraints de baisser brutalement les salaires pour restaurer leur compétitivité. Ajoutons que l’atout principal des zones monétaires optimales est le partage du risque interrégional, autrement dit les transferts financiers des régions solides vers les régions en difficulté. L’Europe dont le budget communautaire représente 1% du PIB est incapable d’opérer ces transferts, alors que le budget fédéral américain équivalent à 20% du PIB lui est en mesure de le faire. Certes la création de l’union bancaire et les mécanismes de sauvetage créés depuis la crise vont dans le bon sens, mais la zone reste encore très fragile. Surtout les peuples ne veulent pas d’une union politique qui serait la seule à avoir la légitimité pour opérer de tels transferts. La zone euro demeure donc vulnérable car imparfaite.

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