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Quel avenir pour la prolifération nucléaire ?

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Depuis le début des années 2000 la question de la prolifération nucléaire tourne autour de deux cas : celui de l’Iran et de la Corée du Nord. 2017 nous a bien montré que la gestion de ces deux questions étaient toujours d’actualité. La faute notamment à la remise en cause de l’accord signé en 2015 sur l’arrêt du programme nucléaire iranien entre l’Iran et les membre du Conseil de Sécurité des Nations unies et l’Allemagne. Malgré le respect des conditions imposées à la partie iranienne, Donald Trump a souhaité remettre en cause cet accord-cadre dans le but de relancer les alliances régionales au Moyen-Orient avec Israël et l’Arabie saoudite. Cette année a également été vive en tensions autour de la péninsule coréenne avec des tirs de missiles balistiques nord-coréens, des menaces sur le Japon et l’Île de Guam. Si depuis 20 ans ces deux cas (bien différents) occupent les préoccupations internationales, leur gestion à court terme, notamment par l’administration Trump, pourrait bien définir la potentielle prolifération nucléaire à venir.

Le TNP, cadre de la « prolifération nucléaire »

Le concept de « prolifération nucléaire » est encadré par un ensemble de textes dont le plus connu est le TNP (Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires) signé en 1968 par la plupart des États du monde. Ce traité contraint les signataires à ne pas se lancer dans la création d’un programme nucléaire à des fins militaires, à l’exception des cinq États qui possédaient déjà l’arme nucléaire à cette époque : les États-Unis, l’URSS, le Royaume-Uni, la France et la Chine. Trois États n’ont pas signé ce traité et ont acquis l’arme nucléaire par la suite : l’Inde, le Pakistan et Israël. Enfin, un État signataire du TNP s’en est retiré en 2003 : la Corée du Nord, devenue aujourd’hui une puissance nucléaire. Ce dernier exemple montre bien la faillibilité du TNP.

Les décisions de Donald Trump vont compter

Si depuis le milieu des années 90, les préoccupations concernant la prolifération nucléaire portent sur l’Iran et la Corée du Nord, le dénouement de ces deux cas pourrait entraîner de nouveaux États à recourir à ce moyen militaire ultime, dans le cadre d’un équilibre des forces. Ainsi, va se poser la question de la Corée du Sud et du Japon pour contrebalancer la nouvelle puissance nucléaire nord-coréenne. À moyen terme ces deux États seront tentés, dans un premier temps, d’intégrer un armement nucléaire américains sur leur sol, ce qui serait déjà une forme de prolifération, avant peut-être de lancer leur propre programme nucléaire. Ces éventualités ont été évoqué par plusieurs médias, notamment sud-coréens. Au niveau du Moyen-Orient, la remise en cause par les États-Unis des accords signés en 2015 sur le nucléaire iranien pourrait être lourd de conséquences. L’une d’entre elles pourrait être la reprise du programme nucléaire par l’État iranien, avec l’appui de nouveaux alliés, la Russie et la Chine, ce que Téhéran n’avait pas auparavant. Ce scénario entraînerai inévitablement la colère d’Israël et surtout la volonté de l’Arabie saoudite, autre rival régional de l’Iran, de se doter de l’arme nucléaire, toujours dans cette optique d’équilibre de la puissance.

La gestion actuelle des cas iraniens et nord-coréens pourrait donc bien dessiner le futur des questions liées à la prolifération nucléaire. Ainsi pour éviter une vague de prolifération dans les années à venir, la négociation semble inévitable. Il faudra donc continuer à appliquer l’accord-cadre sur le nucléaire iranien et commencer à négocier avec Pyongyang. Ce dernier point semble problématique, puisque des négociations avec la Corée du Nord supposerait l’acceptation de la « nucléarisation » du pays, sans quoi Pyongyang ne négociera pas. Passé ce premier obstacle la négociation pourrait porter sur une limitation du développement nucléaire nord-coréen, afin de rassurer les États voisins. Reste à savoir si Washington est prêt à rentrer dans de telle négociation concernant la Corée du Nord et à conserver la ligne diplomatique engagée ces dernières années avec l’Iran. L’action des États-Unis et de l’administration Trump dans les prochains mois pourrait donc bien dessiner l’avenir de la prolifération nucléaire en Asie et au Moyen-Orient.

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Fabien HERBERT

Fabien Herbert est Président des Yeux Du Monde et rédacteur géopolitique pour l'association depuis mars 2016. Formé à l’Université Catholique de Louvain, Fabien Herbert est journaliste et analyste spécialisé en relations internationales. Il s’intéresse notamment au monde russophone, au Moyen-Orient et à l'Asie du Nord-Est.

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