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Conférence des non-alignés : non alignés, vraiment ?

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Alors que le pays hôte de la dernière conférence (l’Iran) a fait l’objet de critiques parfois acerbes de certains membres du Mouvement des Non-Alignés, la question de l’essence même de ce mouvement peut se poser.

A peine cinquantenaire, le Mouvement a toujours les pires difficultés à vivre avec son temps, celui de la disparition de la bipolarité. Déjà, en 1961, le non-alignement ne voulait dire réellement quelque chose que pour ses principaux acteurs : Yougoslavie, Inde, voire Egypte, de par un véritable système politique différent de celui proposé par le bloc capitaliste ou communiste. Aujourd’hui, ce mouvement s’apparente plus à un club de pays plus ou moins anti-américains, club cherchant désespérément un chef de file, un pays, dont le modèle serait à suivre. Le Mouvement manque de trouver un remplaçant à la Yougoslavie, dont son dirigeant, Tito, avait porté à bout de bras le lancement de ce groupe fortement hétéroclite.

Aujourd’hui, qui peut se targuer de faire vivre le mouvement ? L’Inde, probablement, grâce à sa stabilité politique et sa croissance économique ; l’Indonésie, leader du sous-groupe musulman du Mouvement (même si ce sous-groupe n’a pas d’existence propre). L’Egypte et l’Iran, quant à eux, se portent aussi aux avant-postes, pour différentes raisons (l’Egypte de M. Morsi, en quête de soutiens politiques, et l’Iran pour chercher un appui face aux douloureuses pressions occidentales).

 

La longue recherche d’un consensus et d’un rapprochement quasi inatteignables

A ce jour, trois problèmes gangrènent la recherche d’unité du Mouvement. Le premier est iranien. M. Ahmadinejad a réussi le tour de force de convier tout le monde à Téhéran, et a pu faire l’évidente démonstration qu’il est très difficile de vivre sous un régime de sanctions économiques occidentales. Néanmoins, la rhétorique iranienne n’est pas complètement efficace, car la menace nucléaire rebute certains dirigeants à aider l’Iran.

La deuxième pomme de discorde touche bien évidemment au conflit syrien. Tous, ou presque, condamnent El-Assad. Mais certains sortent du faux-activisme occidental (car à part la France, qui veut vraiment d’une intervention étrangère ?) pour proposer des solutions plus régionales. M. Morsi est prêt à créer un quartet régional pour discuter avec El-Assad, en y incluant l’Iran. Nous verrons dans les prochaines semaines si ce projet vient à bout, mais nul ne doute que l’Arabie Saoudite et le Qatar y seront fortement opposés.

Enfin, le dernier problème est économique. La plupart des « non-alignés » dépendent encore beaucoup trop de la dette, principalement contractée auprès des investisseurs occidentaux. Certes, il parait encore peu probable qu’une sorte de « banque des non-alignés » arrive un jour à naître, mais ces pays comprennent désormais qu’être à la merci de leurs prêteurs occidentaux n’est pas viable à terme, surtout lorsque ces derniers éprouvent à sortir d’une crise qu’ils ont eux-mêmes contribué à créer…

Au final, le prétendu Mouvement des Non-Alignés souffre d’une grave crise de gouvernance. Sans chefs, sans moteurs, difficile de créer des rapprochements solides à long-terme. Et qu’en disent les BRICS ?

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