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Sommet de la CEMAC à Brazzaville, nouvelles perspectives ou éternelles illusions pour les pays d’Afrique centrale ?

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Les chefs d’Etats des six pays qui forment la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) se sont retrouvés cette semaine à Brazzaville, capitale du Congo. A l’ordre du jour était prévu, notamment, le règlement de la question de la présidence de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC), victime de « dysfonctionnements », plus précisément de détournements de fonds (de l’ordre de 25 millions d’euros entre 2004 et 2009). Cette présidence se fera donc à tour de rôle selon un principe de rotation. Il est également question que la BEAC participe davantage à la Banque de Développement des Etats de l’Afrique Centrale qui finance des travaux d’infrastructures dans ces pays qui en manquent cruellement.

Au-delà de ce problème institutionnel, la CEMAC doit faire face à un déficit d’intégration, qui est pourtant un objectif majeur de la Communauté. Seize ans après la création de la CEMAC, la libre-circulation des personnes et des biens n’est en effet pas encore effective. Cela s’explique par la volonté de chaque chef d’Etat de conserver la souveraineté nationale de son pays et de ne pas voir celle-ci se diluer au sein d’une organisation aux résultats limités. Le projet de compagnie aérienne communautaire Air CEMAC est constamment repoussé depuis près de dix ans, tout comme la mise en place de passeports CEMAC afin d’autoriser la libre-circulation des personnes. A l’heure actuelle, l’achat de visas (payant) est nécessaire pour se déplacer entre ces pays, rendant les déplacements compliqués. Concrètement, la multiplication des rencontres rend compte des difficultés que connaît la CEMAC, au-delà des déclarations de bonnes intentions. Certes, Sassou Nguesso, le président congolais, a salué la création du parlement communautaire en avril dernier à Malabo, en Guinée équatoriale. Mais celui-ci était déjà prévu il y a déjà plus d’une décennie…

La CEMAC semble plutôt être le reflet d’oppositions entre des hommes à la recherche de prestige. Or, dans cette région du monde, l’une des plus pauvres au niveau planétaire, les défis sont nombreux : sous-développement, problèmes alimentaires, trafics, piraterie, terrorisme… Les objectifs de la CEMAC sont loin d’être remplis, et les projets semblent ne jamais se réaliser, tandis que ses pays membres sont englués dans une extrême pauvreté. Comme le dit Barack Obama en juillet dernier, « l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais de fortes institutions ». La situation en Afrique centrale semble lui donner raison…

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