Obama ne peut rien contre l’impuissance américaine
Alors que l’Amérique se relève de la crise, Obama s’y enfonce et emporte dans son naufrage l’hégémonie américaine. La nouvelle crise politique autour du budget de l’Etat le prouve : l’homme le plus puissant du monde se révèle totalement impuissant dans son propre pays. Le Congrès doit signer un budget de financement de l’Etat, même temporaire, avant le 1er octobre pour éviter la fermeture automatique de services publics jugés non primordiaux qui mettrait des milliers de personnes au chômage. Avec la mainmise des Républicains sur la Chambre des représentants, Obama ne parvient pas à mettre en place son programme présidentiel et doit négocier. La réglementation sur les armes à feu a échoué malgré l’émotion soulevée par les tueries à répétition, en particulier celle de Washington le 16 septembre. La réforme de l’immigration, adoptée par le Sénat, repose dans le placard des réformes avortées de la Chambre des représentants. Barack Obama semble immobiliser les Etats-Unis alors que le monde accélère. A moins que les Etats-Unis ne sombrent dans une léthargie inextricable en proie à des divisions centrifuges.
Première défi qu’Obama doit résoudre : la division au sein du camp démocrate. Les zélotes du chef de l’Etat se raréfient. En plein scandale des écoutes de la NSA, une majorité de démocrates a soutenu un projet présenté par une minorité de républicains, auquel était opposé le président. Larry Summers, fort du soutien de la Maison Blanche, s’imaginait dirigeait la FeD : c’était sans compter l’opposition démocrate qui fit barrage ! A la recherche d’un nouveau chef et d’une nouvelle ligne, en prévision de 2016, les démocrates évoluent vers la gauche avec les « liberals », ennemis de la finance et des inégalités. La victoire aux primaires démocrates de New York de leur candidat confirme cette bipolarisation de la vie politique américaine, entre des républicains droitisés et des démocrates plus à gauche, entourant un président nécessairement au centre en période de cohabitation.
Deuxième défi : les divisions de la société américaine et les problèmes de politique intérieure. Les clivages de la société américaine s’accentuent sur des sujets houleux comme le port des armes à feu, l’immigration, l’avortement ou l’environnement. Les inégalités s’approfondissent : alors que sous George Bush, ceux qui faisaient partie du 1% le plus riche avaient capté 66% de l’augmentation des revenus, ils en ont accaparé 95% sous Obama. Certes, l’augmentation du marché boursier n’y est pas pour rien mais la dynamique affaiblit un président proche des riches et de Wall Street.
Troisième défi : l’effacement progressif des USA sur la scène internationale avec la prolifération de nouveaux acteurs. Après les échecs en Afghanistan et en Irak, Obama divisa l’Amérique sur la question syrienne. La victoire à la Pyrrhus sur les armes chimiques s’apparente à une victoire « pire, russe » puisqu’elle offre la gestion de l’agenda à Poutine, en quoi le retour de la Russie au premier plan n’était possible qu’au prix d’un recul des Etats-Unis et d’un retour à un isolationnisme relatif.