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La puissance maritime au XXIème siècle

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Alors que les Etats-Unis ont lancé, le 9 Novembre 2013, le porte-avion de dernière génération « Gerald R. Ford » censé remplacer le vétéran « Enterprise » désarmé en 2012, les missions dévolues à ces géants des mers ne cessent d’évoluer. A l’ère du conflit asymétrique et du soft power, la puissance maritime est elle aussi appelée à se transformer, pour se faire à la fois plus flexible et plus visible.

Si l’on excepte les accrochages réguliers entre les marines Sud-Coréenne et Nord-Coréenne en mer Jaune et le modeste affrontement Russo-Géorgien sur les côtes d’Abkhazie en 2008, le dernier affrontement naval d’envergure entre deux Etats remonte à la guerre Iran-Irak de 1988, lorsque l’US Navy coula une dizaine de bâtiments iraniens dans le Golfe Persique. Certains voient même dans la guerre des Malouines de 1982 le dernier exemple de la bataille navale du XXème siècle dont l’archétype remonte à la guerre du Pacifique de 1945 : belligérants traditionnels (marines étatiques), grande ampleur, aéronavale décisive, impact majeur sur le conflit…

Trente années plus tard le rôle des marines a considérablement évolué et les puissances maritimes du XXIème siècle ont elles aussi dû s’adapter au changement de paradigme induit par l’émergence de la guerre asymétrique. Finie l’ère de la « victoire écrasante » préconisée par Alfred T. Mahan : les marines étatiques ne combattent plus leurs homologues mais bien des acteurs plus diffus et difficilement identifiables. Que ce soient la piraterie au large des côtes somaliennes ou du golfe de Guinée, la guérilla navale livrée par les Tigres de Libération de l’Elam Tamoul au Sri Lanka jusqu’en 2009  ou même les attentats terroristes maritimes comme celui sur l’USS Cole à Aden en 2000, les modes de combat en mer se sont transformés à l’image des interventions terrestres : vers des engagements de petite échelle, contre des groupes disposant de relais côtiers nombreux et difficiles à vaincre définitivement.

Cependant la marine traditionnelle garde son importance de dissuasion et son rôle d’ « ambassadeur » – selon le mot d’Hervé Coutau-Bégarie – est amené à s’intensifier.

En temps de paix c’est en effet l’un des rôles méconnus des marines contemporaines, mais celles-ci participent activement au soft power des puissances à l’étranger, par l’intermédiaire d’exercices multinationaux (Nemo 2013 récemment pour la France, le Bénin, le Togo et les Pays-Bas) ou d’opérations humanitaires de grande ampleur (rôle de l’US Navy lors du Tsunami de 2004). Les pays émergents ne sont pas en reste sur ce point puisque la Chine lance chaque année avec son navire hôpital « Peace Ark » une vaste opération séduction dans les ports d’Afrique de l’Est et d’Asie, fournissant des soins gratuits aux populations côtières.

Si le rôle des marines demeure celui de garantir les intérêts des puissances outre-mer et qu’elles doivent pour cela demeurer prêtes à affronter des acteurs traditionnels (ce que laissent présager peut-être les conflits en mer de Chine méridionale), les ressorts de la puissance maritime sont en profonde mutation avec l’importance accrue des fonctions de police et de représentation.

 

 

 

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