Les Yeux du Monde

Actualité internationale et géopolitique

ActualitésAsie et Océanie

[Extrait] La diplomatie sportive et le « sport power » : une autre manière de rayonner ?

Shares

Déclinaison essentielle du « soft power », le sport, sous l’effet de la mondialisation, est devenu le nouveau terrain d’affrontement relatif entre les États. Élément d’expression du pouvoir dès l’Antiquité, le sport se positionne comme élément diplomatique à part entière, depuis seulement quelques dizaines d’années. Un souhait que le baron Pierre de Coubertin appelait de ses vœux dès 1892. Celui qui a créé les Jeux Olympiques modernes déclarait, en effet, lors d’une assemblée dans la capitale française : « Il est évident que le télégraphe, les chemins de fer, le téléphone, la recherche passionnée de la science, les congrès, les expositions ont fait plus pour la paix que tous les traités et toutes les conventions diplomatiques. Eh bien j’ai l’espoir que l’athlétisme fera encore plus ». Incontestablement, le « sport power » a trouvé ses adeptes sur la scène internationale, même si le rôle uniquement pacificateur que Coubertin lui adossait semble beaucoup moins sûr.

Le « sport power », un outil de pacification ou de domination ?

En Grèce antique, les périodes de fêtes sportives – les agônes – et les Jeux Olympiques étaient soumis à une trêve sacrée ponctuelle pour permettre le bon déroulement des épreuves. C’est d’ailleurs sur cette base que les Jeux Olympiques modernes ont été pensés. L’attribution des Jeux Olympiques à Anvers en 1920 ou à Londres en 1948, villes particulièrement touchées pendant respectivement la Première et la Seconde Guerre mondiale, n’est pas un hasard et tend à faire du sport olympique l’étendard de la paix.

Cependant, la notion même de diplomatie sportive, comme moyen de pacification, atteint son apogée au cœur de la Guerre froide, en dehors du cadre olympique, à travers l’épisode de la « diplomatie du ping-pong ». En avril 1971, à la suite du rapprochement amical entre deux joueurs de tennis de table, l’américain Glenn Cowan et le triple champion du monde chinois Zhuang Zedong, une délégation de pongistes américains se rend en Chine, marquant un changement considérable des relations diplomatiques sino-américaines[1]. Conséquemment à cet événement, Richard Nixon effectue le premier déplacement d’un président américain sur le sol chinois depuis 1949 et la proclamation de la République populaire de Chine.

Il n’est pas possible d’éclipser la réalité qui fait également du sport un théâtre d’exacerbation des tensions et des rapports de domination. Sur la même période, se déroule la Guerre du Football (ou Guerre de Cent heures) en juillet 1969 entre le Honduras et le Salvador, avec comme catalyseur une rencontre de football entre les deux équipes, et comme conséquences principales, près de 3 000 morts, des milliers d’émigrés de guerre et un état de guerre entre les deux pays jusqu’en 1980. De même, les Jeux Olympiques de Munich en 1972, sont entachés de la prise d’otage et l’assassinat de 11 athlètes israéliens par l’organisation terroriste palestinienne, Septembre noir.

Le sport, un instrument étatique pour accéder à des buts différents

L’instrumentalisation du sport pour des intérêts étatiques ou communautaires ne fait pas de doutes. Elle a pour objectifs principaux la défense d’un modèle politique ou de société, la reconnaissance internationale ou encore la volonté d’étendre son influence.

Il est possible de distinguer plusieurs stratégies de diplomatie sportive. Certains pays ont choisi de ne pas emprunter le virage du « sport power » et reste à un stade d’amateurisme et de sous-développement dans ce domaine, alors qu’ils sont émergents économiquement.

>> lien vers notre dernier livre où vous retrouverez l’intégralité du chapitre

[1] Il ne faut pas occulter le rôle d’Henry Kissinger, alors conseiller de la sécurité nationale des Etats-Unis et futur secrétaire d’Etat, qui a opéré les premiers contacts et prôné l’apaisement des relations entre les deux pays.

Shares

Marc GERARD

Ancien élève de CPGE B/L au Lycée Montaigne, Marc Gérard est diplômé d'un master en Histoire des mondes modernes et contemporains, certifié et enseignant en Histoire-Géographie. Il est rédacteur pour Les Yeux du Monde depuis janvier 2016.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *