L’Arctique : une région au cœur de nouveaux enjeux
Pendant très longtemps, l’Arctique a fait figure d’espace hostile à toute activité humaine. De fait, la plupart des Etats se sont désintéressés de cet espace glacial et difficile d’accès. Pourtant, les choses changent. Alors que le continent Antarctique est, grâce au traité de Madrid signé en 1991 et s’établissant pour cinquante ans, régi par une loi interdisant toute prétention d’un Etat sur ce territoire, l’Arctique ne fait l’objet d’aucun traité. Or, dans un contexte de réchauffement climatique, l’Arctique devient de plus en plus accessible. Les glaces fondent, et les velléités des pays bordiers de l’Arctique s’enflamment. Certains scientifiques estiment même que la banquise estivale n’existera plus d’ici 2040, de quoi envisager certaines opportunités.
Ainsi, divers pays souhaitent se partager le gâteau glacé : Les Etats-Unis, le Canada, le Danemark, la Norvège et la Russie principalement, voire l’Islande, la Finlande et la Suède. Chaque pays développe ses propres arguments afin de se voir attribuer le plus de superficie possible. Certes, la Convention de Montego Bay pourrait régir cet espace. Mais les litiges, d’ordres continentaux ou insulaires, sont nombreux.
Il faut dire aussi que les intérêts sont multiples. Tout d’abord, il est vrai que le réchauffement planétaire va ouvrir de nouvelles voies de navigation à travers l’Arctique, permettant de faciliter et accélérer les échanges par les mers. On pourrait par exemple passer du Pacifique à l’Atlantique en longeant les côtes russes. Or, le contrôle de ces routes paraît indispensable, d’où les multiples rivalités. En attendant, ce sont essentiellement des sous-marins nucléaires qui se trouvent dans ces mers. Mais un autre enjeu majeur se présente en Arctique : l’enjeu énergétique. D’importantes ressources en pétrole et en gaz pourraient se trouvaient dans cette zone du globe. Or, le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) a déclaré en 2007 qu’avec le réchauffement climatique, les richesses minières de l’Arctique seraient bientôt accessibles. Il en va de même pour les diamants et pour les ressources halieutiques.
Pourtant, cette zone stratégique est aujourd’hui en danger. Réchauffement des eaux, on l’a vu, mais aussi pollution, perte de biodiversité font de cette zone un espace en danger et à préserver. Dans le même temps, ce sont les populations autochtones au mode de vie ancestral qui risquent de pâtir d’effets qu’elles n’ont pas provoqués, au Canada ou au Groenland par exemple.
L’ONU a jusqu’en 2020 pour statuer sur l’avenir de cette région du monde. En attendant, les Etats avancent leurs pions pour s’accaparer ce qu’ils peuvent. L’Arctique deviendra-t-elle une nouvelle Méditerranée ? Quoiqu’il en soit, son intérêt géopolitique grandit, et ça ne fait que commencer…