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Le gouvernement Gbagbo a-t-il les moyens, comme il le claironne, de rester en place ?

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Alors que tous les regards sont actuellement tournés vers la Tunisie, la situation en Côte d’Ivoire semble piétiner. Malgré les pressions internationales dont il est la preuve, lui et ses proches, Laurent Gbagbo paraît serein.

Ahoua Don Mello, le porte-parole du gouvernement de Gbagbo, a ainsi affirmé ce dimanche que le gouvernement n’avait aucune difficulté à contourner les mesures de rétorsions économiques. Il a même ajouté que de nouveaux partenaires en Asie, en Amérique latine et en Afrique suffiront pour alimenter le commerce et financer le gouvernement. Quant à un éventuel manque de moyens pour payer l’administration, il a précisé que : « Cela fait longtemps que nous avions anticipé cette situation. […] La preuve, c’est que les salaires ont déjà été payés ».

Tout irait donc bien dans le camp Gbagbo. Pourtant, s’il donne le change, le gouvernement s’enfonce un peu plus chaque jour. La preuve : il a eu de grandes difficultés à payer les enseignants à la fin du mois de décembre (moins de la moitié de l’argent prévu est arrivé selon le camp Ouattara). Mais la clef de la mainmise de Gbagbo sur le pays est qu’il paie bien les militaires et la police ainsi que les principaux fonctionnaires. Pour ce faire, il s’appuie sur un racket systématisé des banques ainsi que sur le contrôle des exportations de cacao et de pétrole. Ces dernières rapportant à l’État 1,6 et 2 milliards de dollars par an, la Côte d’Ivoire étant le premier producteur mondial de cacao. Les entreprises et exportateurs sont priés de payer leurs taxes immédiatement. D’ailleurs Ouattara a commencé à constituer une liste des entreprises volontairement collaboratrices en vue de sanctions lors de sa prise de pouvoir. Tenable ? Pas sûr.

D’abord, le gouverneur de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), un proche de Gbagbo, vient d’être écarté par les dirigeants de la région : il continuait de faire des prêts au gouvernement. Ensuite, le gouvernement cherche frénétiquement les moindres ressources : en plus des descentes armées dans les banques ainsi que les campagnes de violences (200 morts depuis les élections) qu’il fait exécuter, il lui manque 90 millions de dollars pour payer tout le monde ce mois-ci. Il lui faut chaque mois de 50 à 100 millions de dollars pour payer ses forces de sécurité. La Côte d’Ivoire a échoué à faire un emprunt de 29 millions de dollars en décembre et l’Union européenne, suivie par les États-Unis, a voté une nouvelle série de sanctions à l’encontre de Gbagbo, 84 de ses proches et onze entités économiques gouvernementales. La Banque Mondiale a aussi suspendu ses centaines de millions de dollars de prêts.

Pendant ce temps, la pression croît sur la population : les licenciements augmentent, les prix des denrées alimentaires ont doublé (voire triplé) sur certains marchés et les entreprises étrangères réduisent leurs activités. Cette asphyxie économique ne menace pas Gbagbo à court terme, mais pourra-t-il se contenter de ne payer que ses proches et les généraux dans deux mois ?

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