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Comprendre la crise (1) : des subprimes à l’effondrement des marchés financiers

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La crise de 2007-2008, considérée comme la plus grave que la système capitaliste ait jamais connu, débuta paradoxalement par un dysfonctionnement dans un secteur marginal du marché financier américain. Il s’agit donc de comprendre comment une contagion fulgurante à l’ensemble de l’économie mondiale fut rendue possible.

Il existe deux grands types d’établissements bancaires : les banques de dépôts, et ce que les anglo-saxons nomment le shadow banking system, qui regroupe les hedge funds, les banques d’investissement et les fonds communs de placement, et qui ne se finance pas par l’intermédiaire de dépôts « réels » des clients mais par des emprunts à court-terme, eux-mêmes garantis par des actifs à long-terme (une hypothèque immobilière par exemple).

Or quand le marché immobilier américain, en hausse jusqu’en 2005, commença à chuter, les hypothèques constituèrent des garanties de moins en moins fiables, et donc ayant une valeur moindre. Les conditions d’emprunt étaient donc nettement détériorées, et ne permettaient plus aux banques d’investissement de recevoir des liquidités à un « taux » raisonnable.

La première banque d’investissement à souffrir des retombées de la chute des prix sur le marché immobilier fut Bear Stearns, qui fit faillite en mars 2008 suite à un manque de liquidités. La Federal Reserve réagit immédiatement en organisant le rachat de l’institution par JPMorgan et en rachetant elle-même pour 30 milliards de dollars d’actifs toxiques. Cette réponse rapide et efficace du gouvernement américain fit penser que le pire était passé et que la crise pourrait être facilement contenue.

Dans l’univers de la finance, où tout est question de confiance, les choses tournèrent court lorsque, quelques mois plus tard, en septembre, trois évènements détruisirent en l’espace de quelques jours tout le capital-confiance bâti durant les années 2000. Le 15 septembre 2008, Lehman Brothers, quatrième plus grosse banque d’investissement américaine, fit faillite ; le lendemain, ce fut au tour de la compagnie d’assurance AIG de déposer le bilan ; le 19, un plan de relance élaboré à la va-vite par Hank Paulson, Secrétaire du Trésor, proposa de débloquer la somme exorbitante de 700 milliards de dollars pour renflouer les banques d’investissement américaines.

L’effet psychologique fut immédiat et double. Tout d’abord, le monde de la finance pris conscience de l’extrême fragilité du système bancaire et financier, largement affaibli par des prises de risque incessantes durant les années passées. Surtout, c’est l’incapacité apparente du gouvernement américain et de la Fed qui en affola plus d’un : pourquoi n’ont-ils pas été capables de trouver une solution pour éviter la faillite de Lehman Brothers ? Les hésitations du monde politique sur l’adoption du plan Paulson achevèrent d’affoler les marchés.

Dès lors, les marchés financiers chutèrent lourdement – ainsi Wall Street connu la pire semaine de son histoire en Octobre 2008-, et les banques devinrent retissantes à se prêter de l’argent mutuellement. Les conditions étaient en place pour que se produise une crise financière de grande ampleur.

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