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L’instabilité malienne, danger pour l’Afrique de l’Ouest ?

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Une semaine après le coup militaire ayant renversé le Président Touré vient le temps des questions. Entre crainte d’une propagation à des pays voisins et vives inquiétudes de la communauté internationale, quel peut être le proche avenir du Mali ?

Ce coup d’Etat, le premier depuis longtemps en Afrique de l’Ouest, prend ses racines dans le séisme provoqué par les Révolutions arabes. En effet, la répression menée par l’armée malienne depuis le début 2012 contre une rébellion touareg au Nord du pays est presque perdue d’avance, tant les Touaregs paraissent surarmés vis-à-vis de l’armée régulière, grâce aux armes récupérées à la chute de Kadhafi, l’été dernier.  Depuis lors, l’armée régulière fomente de l’intérieur la destitution du président Touré, destitution finalement obtenue après le coup d’Etat du 22 mars dernier.

La rébellion est constituée de plusieurs groupes demandant le contrôle d’une région importante du pays et de villes majeures telles que Tombouctou ou Gao. Il est évident que le soutien d’AQMI et de mercenaires ayant combattu auprès de Kadhafi en Libye a aidé le mouvement touareg à amplifier ses revendications, et à faire basculer, indirectement, le sort du Président Touré.

Des sanctions économiques comme révélateur d’une crainte parmi les pays de la région

La Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest, la CEDEAO, n’a eu d’autre choix que d’immédiatement imposer des sanctions contre le Mali, soutenue par le Conseil de Sécurité de l’ONU. L’enjeu est clair : revenir à une situation apaisée, promettre de nouvelles élections et satisfaire certaines demandes touaregs. Sans cela, il est fort possible que les déstabilisations menées par AQMI et certaines populations locales se propagent ailleurs. Faut-il rappeler que le Nigeria tout proche a été en proie à de violents troubles religieux il y a de cela quelques semaines.

On le voit donc, les Révolutions arabes n’ont pas uniquement déstabilisé trois ou quatre pays d’Afrique du Nord, elles ont bouleversé l’environnement géopolitique de tout un continent, avec pour l’instant des conséquences heureusement peu dramatiques. La situation au Mali a de quoi inquiéter, surtout si de graves sanctions économiques sont appliquées, rendant le pays encore plus à la merci de l’aide extérieure. Reste à voir désormais qui des trois acteurs impliqués (gouvernement, junte et rébellion touareg) prendra le pas sur les deux autres. Avec un risque patent de propagation sur des pays voisins qui n’en ont vraiment pas besoin.

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