Pourquoi la crise grecque n’a rien à voir avec la crise argentine (2/2)
Suite de notre analyse comparée des crises argentine et grecque. Sur le plan économique, le financement de projets non-productifs a été très largement permis par les aides européennes.
Dans cette crise grecque, il est difficile d’innocenter l’élite du pays pour son comportement depuis l’entrée dans l’UE. De nombreux prêts européens ont été utilisés pour des investissements immobiliers en Grèce et ailleurs, voire même placés sur des comptes offshore (îles anglo-normandes, Suisse, Chypre). Dans l’agriculture, des propriétaires terriens, par ailleurs souvent d’actuels ou anciens avocats, médecins ou hauts fonctionnaires percevaient d’importants avantages fiscaux pour la détention de quelques dizaines d’arbres.
Voilà donc pourquoi les deux crises n’ont que peu de points communs. D’un côté une crise argentine pour bonne partie due à l’application de mesures pensées à l’étranger et peu conformes à la « culture » argentine. De l’autre, des excès en tout genre d’une partie de la population grecque, excès permis par les hauts fonctionnaires et banquiers européens, évidemment au courant du détournement des aides financières, mais volontiers peu regardants. En effet, ces derniers avaient tout à espérer d’un soutien productif à l’économie grecque (nous pouvons y inclure l’OTAN, longtemps aidé par a Grèce tant financièrement, géographiquement (par de nombreuses bases sur place), qu’humainement). Les anticapitalistes ont tort à propos de la crise grecque : les capitalistes ne sont pas tous à blâmer, ce sont plutôt les quelques kleptocrates qui ont profité des vices du système pour leurs propres intérêts.
Après le miracle argentin, le « prodige grec » ?
Au final, la Grèce aura du mal à tourner le dos à ses créanciers, comme l’a fait l’Argentine, ou l’Islande, dans sa Révolution silencieuse depuis 2008-2009. L’hypothèse d’un défaut de paiement pourrait bien la pousser vers une transition économique qui orienterait le pays vers une meilleure égalité entre ses citoyens. Mais avec peu de ressources productives et économiques et des classes dominantes peu fiables, il faudrait bien plus qu’un « miracle argentin » pour sauver la Grèce…