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Romney élu président des Etats-Unis

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L’Amérique a longtemps hésité mais elle a choisi : ce sera Barack Obama.  L’hésitation du peuple américain, moins dominateur, moins  sûr de lui-même en temps de crise, explique pour beaucoup les quelque 6 milliards de dollars investis par les deux partis dans la campagne. Elle illustre surtout un événement tout à fait fondamental sur la scène géopolitique : le retour à l’isolationnisme américain.

Il est vrai que les citoyens avaient le choix entre l’activisme isolateur de Romney et l’isolationnisme actif d’Obama. Le clinquant de la domination américaine aiguisant les rancœurs contre l’omniprésence arcane et l’effacement médiatique laissant un goût d’impuissance. Les deux politiques révèlent, au fond, ce qui divise actuellement les Américains : les USA ont-ils toujours cette « destinée manifeste » (Josh O-Sullivan), ce devoir divin d’apporter le rêve américain au monde entier ou doivent-ils se contenter de protéger leur intérêt national en temps de crise ?

Le débat entre Wilson et McKinley reprend. L’un voyait la scène internationale comme un jeu visant l’établissement de la paix et la démocratie puisque tous les peuples aspiraient à la démocratie. L’autre considérait que le rôle des USA était avant tout de se protéger des nations concurrentes et imposa un isolationnisme diplomatique et un isolement économique par un tarif douanier élevé. L’Histoire ne se répète pas. Les répétitions font l’Histoire.

Face à un Congrès hostile et une Amérique en crise, Obama aura un premier défi à relever : le « fiscal cliff ». Les négociations pour le budget d’août 2011 ont abouti à une impasse ; si aucun accord n’a lieu avant décembre 2012, le gouvernement en place devra faire face à une réduction drastique des dépenses publiques (100 milliards de dollars) et à une hausse des impôts (300 milliards de dollars). Et en bas de cette falaise, le retour de la récession américaine donc de la crise mondiale.

Outre les difficultés intérieures qu’il rencontrera, Obama devra également affronter une scène internationale mouvante : crise européenne, changement de régime et de modèle de croissance en Chine, changement politique au Moyen-Orient, crise nucléaire iranienne, multiplication des points de friction en Asie et en Afrique … Sa méthode ne changera pas : négociation sans imposition.

Sauf qu’il n’aura probablement pas le choix, à l’heure où les ménages américains entament des efforts pour sortir définitivement de la crise, de durcir son discours envers une Chine ambitieuse et économiquement déloyale (le moment est crucial : la Chine change de personnel politique et hésite à changer son mode de croissance !) voire de se protéger de son empire économique. Il devra aussi  lutter contre l’autoritarisme russe en Asie centrale,  prendre des risques dans la transition démocratique en Egypte et en Lybie et, tout en ménageant Israël, durcir ses positions envers Téhéran qui, grâce à l’élection, a gagné du temps sur le dossier nucléaire. Durcir le ton envers la Chine, la Russie et au Moyen Orient : tout le programme de Romney. Finalement, c’est peut-être lui hier soir qui a été élu.

 

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