Cameron-Obama : le renouveau de la « special relationship » ?
Barack Obama et David Cameron peuvent paraitre différents sur certains aspects, mais au moins ils n’ont pas hésité, depuis quelques mois, à affirmer la solidité de leurs relations bilatérales et de leur intérêt pour les grandes affaires de ce monde, comme pour l’Afghanistan ou l’Iran. Le conservateur Cameron et le progressiste Obama ne voient pas les mêmes urgences face aux problèmes économiques. Le premier reste inquiet au sujet des déficits budgétaires, alors que le second l’est plus par la faiblesse de la croissance économique. Ainsi, ils tentent malgré tout de faire fi de la « relation spéciale » voulue par Churchill il y a 60 ans, ou plutôt tentent de se la réapproprier. « C’est une association volontaire qui sert à nos intérêts nationaux » affirme Cameron. Tous les deux cherchent en premier lieu l’efficacité. Dans ce monde qui manque d’un leadership réel, ce tandem peut être un moteur pour générer de l’enthousiasme et revitaliser certains processus empêtrés dans le pessimisme ambiant.
Regardez l’Afghanistan. Alors même qu’Obama en faisait une priorité pour l’US Army, après le nouveau Vietnam irakien, il vient de changer d’avis en affirmant le retrait progressif de l’armée d’ici l’année prochaine et l’autodétermination en 2014. Mais Cameron, lui, se fait plus pressant : face à l’impopularité de cette guerre outre-manche, Cameron souhaite le départ total des troupes britanniques d’ici 2015. Autant dire demain. Les intérêts des deux pays sont liés, chacun ayant besoin de l’autre pour continuer cette guerre contre l’ennemi invisible, le taliban. Mais les deux sont empêtrés dans une guerre qu’ils n’ont même pas déclenchée. Ils ont hérité, en réalité, des visées « impérialistes » de leurs prédécesseurs, Bush et Blair. Ils veulent s’en débarrasser au plus vite, comme d’ailleurs Brown l’avait fait avec la guerre que Blair lui avait laissé en suspens en Irak.
Alors donc, renouveau est un bien grand mot. Disons que le Royaume-Uni, semble-t-il, a cessé toute politique d’assujettissement (comme c’était le cas durant l’ère Bush-Blair) pour passer à une politique plus autonome, plus pragmatique. De leur côté, les Etats-Unis depuis 2008 ont donné l’impression de se détourner de l’Europe pour s’intéresser au défi chinois. Se rapprocher de Cameron constitue donc un revirement. Un de plus, en somme.