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Géopolitique des drogues en Amérique latine (2/2)

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Les routes de la drogue en Amérique latine
Les routes de la drogue en Amérique latine

Précédemment, nous nous sommes intéressés aux pays producteurs de drogue en Amérique latine. Il s’agit ici de donner un aperçu des conflits et rapports de force qui naissent de ces productions illicites.

Aujourd’hui, les conflits relatifs à la drogue sont essentiellement d’ordre économique du fait de la valeur ajoutée que donne la prohibition aux substances illicites. De fait, l’énorme avantage du commerce de la drogue est l’escalade des profits. Ainsi, les produits de base utilisés (ex : feuille de coca) nécessitent des transformations. Chacune de ces transformations (ex : transformation en cocaïne, acheminement vers les pays consommateurs, fractionnement en petites doses) donne une valeur ajoutée supplémentaire au produit. Le risque et la prohibition en font un commerce extrêmement rentable. Le plus souvent, ce sont des groupes rebelles ou des organisations terroristes qui ont recours au trafic de drogue dans le but de financer leurs activités.

Prenons l’exemple de la Colombie et des FARC (Forces Armées Révolutionnaires Colombiennes). La production de cocaïne entre les mains d’organisations criminelles comme le cartel de Medellin ou le cartel de Cali est déjà solidement ancrée lorsque les cultures de la coca commencent à prendre de l’extension dans les zones contrôlées par les FARC, à la fin des années 70. Les FARC, se revendiquant marxistes, ont d’abord voulu éradiquer la production de drogue dans les régions qu’ils contrôlaient, considérant qu’il s’agissait là d’une « dégénérescence capitaliste » ; avant de se rendre compte qu’elle participait de la survie des paysans qui forment leur base sociale. Ils se sont d’abord bornés à percevoir des taxes aux différents niveaux de la production avant de s’impliquer plus directement dans les activités liées au narcotrafic. A la fin des années 90, ils décident d’évincer les chichipatos (intermédiaires qui collectent la drogue auprès des paysans pour le compte des trafiquants) pour jouer eux-mêmes le rôle d’intermédiaire entre paysans et trafiquants ainsi que s’approprier au passage la plus-value réalisée.

Il semble que guérillas sans grandes ressources financières et drogue soient inextricablement liées. Cela a pu aussi être le cas au Pérou (Sentier lumineux, Mouvement révolutionnaire Tupac Amaru).

« Guerre à la drogue » et interventionnisme américain

Les Etats-Unis ont imaginé une politique anti-drogue en 1999-2000 : le « Plan Colombie ». L’Union européenne a refusé d’apporter son soutien à cette initiative, considérant qu’elle s’inscrivait dans une logique de guerre, 70% des financements américains servant à renforcer les forces répressives colombiennes. Il s’agit sans doute plutôt de défendre les intérêts géopolitiques et stratégiques américains en Amérique du Sud. Les Etats-Unis avaient ainsi voulu maintenir leur présence militaire au Panama, via un centre antidrogue ce qui leur a été refusé par le pays en 1999. Dans le même temps, Hugo Chavez leur a refusé la permission de survoler l’espace aérien du Venezuela. L’intérêt géostratégique de la Colombie prend alors tout son sens. Les Etats-Unis n’ont toutefois pas tâche facile : la Cour constitutionnelle de la Colombie a invalidé l’accord signé en 2009 entre les deux pays, octroyant aux Etats-Unis sept bases militaires sur le territoire.

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