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A quoi sert donc le Sommet des Amériques ?

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Les Sommets des Amériques ont pour but de réunir les chefs d’Etat des 34 pays des Amériques dans un cadre formel tous les trois ou quatre ans depuis 1994. Celui qui s’est tenu les 10 et 11 avril dernier au Panama avait la singularité d’inviter Cuba à la table, sous l’initiative des Etats-Unis. Ce qui est notable c’est que les Etats-Unis et Cuba ont monopolisé l’attention mais que les autres Etats se sont fait discrets.

Barack Obama arrivant le 10 avril au Sommet des Amériques à Panama.
Barack Obama arrivant le 10 avril au Sommet des Amériques à Panama.

C’est donc un geste fort en symbole que ce sommet s’est caractérisé : la poignée de main entre Barack Obama et Raul Castro. C’est le premier échange entre les chefs d’Etat américain et cubain depuis 1956 et une étape de plus dans un processus conduit par Washington depuis l’an dernier. La condition de Cuba pour rétablir les ambassades : que les Etats-Unis les raye de la liste des Etats soutenant le terrorisme qui empêche l’île de bénéficier de l’aide internationale. Barack Obama a aussi assoupli autant que son mandat le lui permet l’embargo sur Cuba. Ces mesures sont à juste titre reconnues comme anachronique au moment où une autre partie du monde est à feu et à sang depuis douze ans. Il reste cependant le plus dur à faire pour Obama : faire passer cette radiation de la liste auprès d’un Congrès majoritairement Républicain et à la fois hostile à sa politique, à tout assouplissement des sanctions, et à Cuba.

Mais ce qui frappe le plus est l’ordre dispersé des autres pays. On peut remarquer qu’aucun n’a particulièrement œuvré à la réintégration de Cuba dans l’Organisation des Etats américains (OEA). De plus, le Venezuela qui devait faire un scandale au sommet en raison des sanctions étatsuniennes qui frappent sept dignitaires du régime pour violation des Droits de l’homme a fait profil bas. Caracas se focalise sur les législatives de cette fin d’année et doit se battre avec un prix du pétrole qui chute et des Etats-Unis de moins en moins dépendant de l’importation de pétrole. Le Brésil sur lequel se polarisait pourtant le Mercosur se désintéresse de la politique étrangère pour le moment et s’aligne sur Moscou ou Damas en plus de ne pas payer ses créanciers, il traverse aussi une crise politique interne. La Colombie, elle, est focalisée sur ses problèmes internes et les négociations avec les FARC.

Dans l’ensemble la traditionnelle union de l’Amérique Latine et du Sud contre les Etats-Unis ne fait plus recette auprès de leurs populations mais les Etats latino-américains n’ont pas su renouveler leur discours et se résignent à ne pas jouer de rôle significatif.

Le sommet ne sert donc qu’à se donner un sentiment de contenance et de projet commun pour des nations globalement isolationnistes qui n’ont ni les moyens ni l’envie de se mêler des problèmes des autres. Le Mexique tire son épingle du jeu dans cette situation ainsi que ceux de l’Alliance du Pacifique (Chili, Colombie, Pérou et Mexique). Les Etats-Unis aussi en effaçant le souvenir de leur « Big Stick Policy » grâce à un sommet qui devient la caisse de résonnance de leur soft power.

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