L’administration Trump en Corée du sud : une volonté de réaffirmer les alliances asiatiques.
Le 2 février dernier, James Mattis, fraichement nommé secrétaire américain à la Défense par Donal Trump, a entamé un voyage diplomatique d’importance en Asie. L’enjeu est de « réchauffer » les relations entre les Etats-Unis et ses alliés asiatiques, notamment la Corée du Sud, suite aux déclarations isolationnistes de Donald Trump pendant sa campagne, alors que la pression nucléaire nord-coréenne se fait de plus en plus prégnante.
Il faut rappeler que l’alliance américano-coréenne dans le domaine militaire est ancienne. Elle a été conclue à la fin de la Guerre de Corée en 1953 et demeure la base de la diplomatie entre les deux Etats encore aujourd’hui. Barack Obama a rappelé cet état de fait à l’occasion du sommet du G20 à Londres en 2009, qualifiant la Corée du Sud d’ « un des alliés les plus proches » des Etats-Unis, faisant de Séoul un partenaire privilégié hors de l’OTAN. Actuellement, ce sont près de 28 500 soldats américains qui sont stationnés en Corée du Sud. Lors des années précédentes, cette proximité diplomatique s’est traduite par des voyages réguliers de l’ancienne présidente Park à Washington (2013, 2015) ou de Barack Obama à Séoul (2014). A la dimension militaire, il ne faut pas négliger les échanges commerciaux étroits entre les deux pays. En effet, la Corée est, par exemple, le deuxième marché d’exportation des produits agricoles américains.
Tandis que la Corée du Sud est déjà secouée par des affaires politiques intérieures qui ont conduit à la destitution de la présidente Park Geun-hye, les menaces de Trump, qui envisageait le retrait des forces américaines de la péninsule coréenne, ont particulièrement inquiété. Donald Trump estimait en effet que la contribution financière de la Corée dans le maintien de forces américaines sur son territoire était trop faible. Depuis que son élection est effective, le discours du président américain s’est radouci et solennellement réitéré l’engagement absolu des Etats-Unis envers ses alliés asiatiques. C’est dans cette optique que James Mattis, avec une communication minimale, a effectué son premier voyage de fonction. L’importance cruciale du Japon et de la Corée du Sud pour la paix et la stabilité de la région a été en revanche soulignée fermement par le porte-parole du Pentagone, Jeff Davis.
Le parapluie nucléaire : l’enjeu principal
La principale crainte de la Corée du Sud réside dans les essais nucléaires du voisin nord-coréen, qui cherche à se doter de missiles intercontinentaux. L’espoir réside dans la mise en place en Corée du Sud d’un système de défense antimissiles conçu par l’entreprise américaine Lockheed Martin: le THAAD (Terminal High Altitude Area Defense). Cependant, la Chine voit ce système de radars et d’interception de missiles comme une atteinte à ses intérêts stratégiques et à la recherche d’une solution sur le dossier nord-coréen. Malgré les liens économiques intenses entre Pékin et Séoul (les deux pays ont signé un accord de libre-échange en juin 2015), la Corée du Sud ne semble pas décidée à renoncer au THAAD, d’autant que Kim Jong-un a annoncé la réalisation éminente de nouveaux tests de missiles dans son discours de nouvelle année.
De la menace de désengagement américain dans la région coréenne à une ligne dure envers Pyongyang, il n’y a qu’un pas. En Corée du Sud, les spécialistes de la diplomatie et des affaires étrangères ont désormais la crainte de voir l’administration Trump envisager des frappes préventives contre la Corée du Nord.
Près de quatre ans après le lancement de l’Initiative pour la Paix et la Coopération en Asie du Nord-est (NAPCI) par l’ancienne présidente Park, les relations politiques sont encore plus dégradées et tendues dans la région, et l’allié américain de la Corée du Sud n’offre pas non plus beaucoup de gages de sécurité.