Obama drague l’Asie-Pacifique
Le Président américain vient de conclure une énième tournée asiatique, principalement tournée vers les pays maintenant des relations de défiance vis-à-vis de la Chine. Doit-on reconnaitre un aveu de faiblesse ?
Face à la posture de plus en plus offensive et intimidante de la Chine sur le sujet des contentieux territoriaux avec ses voisins, Barack Obama se devait de rassurer bon nombre d’acteurs. En premier lieu, les pays « sous la menace ». Mais également les fins spécialistes de la géopolitique internationale, de plus en plus persuadés qu’Obama ne pourra pas jouer sur plusieurs fronts en même temps, entre crise de l’euro, Révolutions arabes et la question de sa propre réélection. Vis-à-vis de la Chine, la posture américaine est désormais claire depuis bon nombre d’années : vouloir avant tout mieux l’intégrer dans les différentes institutions et accords multilatéraux internationaux sans chercher à trop la brusquer. Cette posture vaut pour à peu près toutes les craintes actuelles inspirées par la Chine (sur sa relation avec l’Asie Centrale, sur ses gains en Afrique, sur son soutien aux dirigeants arabes en difficulté), sauf une : quid des revendications territoriales chinoises, notamment dans la mer qui porte son nom ?
L’Asie ne veut pas d’une autre hégémonie américaine, mais plutôt d’un partenaire fiable
Pékin refuse toute ingérence extérieure sur ces questions-là. Pourtant, les Etats-Unis ne semblent pas avoir compris la leçon, en décidant d’envoyer 2500 Marines en poste en Australie, plus des navires de guerre. Et cela n’est rien à côté des multiples accords bilatéraux crées avec des pays comme la Corée du Sud, rappelant doucement ce qu’était le Pacte de Bagdad (institué avec des pays allant de la Turquie au Pakistan) au temps de la Guerre Froide.
Alors pourquoi donc titiller la Chine jusqu’à ses propres frontières, alors qu’Obama s’évertue depuis 2008 à éviter de traiter tout véritable sujet polémique avec la Chine ? Très difficile à dire, mais il est évident que les Etats-Unis refusent l’existence d’un unique leader dans cette grande Aise-Pacifique. Mais déclarer qu’il y a « des défis touchant l’Asie-Pacifique qui nécessitent le leadership américain », comme il l’a fait durant ces derniers jours, c’est très clairement jouer avec le feu. Qui veut d’un tel leadership ? Probablement personne. Ces pays-là ont tout l’espace qu’ils veulent pour maintenir des bonnes coopérations entre eux sans qu’il n’y ait de leadership nulle part. Ou peut-être un partenaire fiable, capable de les aider à contrer la crise financière y sévissant et à rechercher une croissance durable. Et ce partenaire-là pourrait bien être américain…