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Australie: le tournant diplomatique vers l’Asie

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Tony Abbott, le Premier Ministre australien en poste depuis 2013.
Tony Abbott, le Premier Ministre australien en poste depuis 2013.

Après plus de 9 ans de négociations, le Commonwealth d’Australie, Fédération de 6 Etats et quasi-continent, a conclu avec le dragon chinois un accord de libre-échange, confirmant ainsi la réorientation progressive de sa politique extérieure. L’accord, dont la signature définitive est prévue pour 2015, concernera principalement l’exportation de produits agricoles australiens, la circulation des investissements chinois, et l’accès par l’Australie au marché des services chinois. Point sur la diplomatie discrète d’une puissance économique moyenne en quête d’influence.

Une diplomatie historiquement basée sur l’alliance avec les États-Unis

Nation traditionnellement commerçante, l’Australie, libérée de la tutelle anglaise officieusement en 1901 (et officiellement en 1986), et craignant une expansion communiste dans la région, a tout d’abord orienté sa politique étrangère vers le soutien à l’hyper-puissance américaine, à l’origine d’un nouveau souffle protecteur sur l’échiquier géopolitique mondial. Le traité ANZUS (Australie, New Zeland, United States), signé le 1er septembre 1951, prévoit notamment une alliance militaire et un pacte de défense mutuel en cas d’agression pour palier la menace représentée par la guerre de Corée et la proclamation de la République populaire de Chine en 1949.

Sur un plan économique, l’Australie a conclu en 2004 avec les États-Unis un accord de libre-échange qui prévoit que «99% des produits manufacturés américains et 97% des produits manufacturés australiens sont exemptés de droits de douane ». Ils restent aujourd’hui encore le 3ème partenaire économique du pays. Cependant, la prise de conscience des méfaits de la « tyrannie de la distance », mise en avant par l’historien Geoffrey Blainey en 1966, selon laquelle l’Australie, par son isolement géographique, est éloignée des centres de décisions politiques et des lieux de production de biens économiques, a poussé le Commonwealth à modifier sa stratégie. Elle a ainsi mis en place un processus de remodulation de son dessein géopolitique, désormais tourné vers les dragons asiatiques.

Le pivot récent vers l’Asie

Ce tournant s’illustre notamment par une réorientation de sa diplomatie vers 5 géants : la Chine, l’Inde, le Japon, l’Indonésie et la Corée du sud. Son implication dans les forums de négociation régionaux (ASEAN, APEC) ainsi que la conclusion d’accords bilatéraux avec ces grandes puissances lui ont permis d’asseoir son influence dans la région et d’en tirer des avantages économiques. En 2013, suite à un partenariat stratégique, la Chine devient le premier partenaire commercial du pays. Le pays a également conclu des accords avec le Japon en 2002 et 2007, est intervenu auprès de l’Indonésie et l’Afghanistan, qui bénéficie de l’aide au développement australienne, et développe des relations politiques avec l’Inde.

Dans un document officiel, le White paper, le gouvernement a posé les bases de ses ambitions. D’ici 2025, le pays espère figurer parmi les 10 premières puissances en matière de recherche et d’innovation, les 5 meilleurs systèmes éducatifs du monde, maintenir le lien historique créé avec les États-Unis et développer des relations étroites avec l’Asie.

Mais si l’ambition est régionale, il n’en reste pas moins que l’Australie souhaite rester un allié de poids face aux évolutions mondiales. Elle l’a confirmé début octobre en s’engageant aux côtés de la coalition contre l’État islamique.

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