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Libération d’Aung San Suu Kyi début de révolution ou coup d’épée dans l’eau ?

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Sept ans qu’elle n’était pas sortie de chez elle, l’opposante à la junte birmane Aung San Suu Kyi est libre depuis le 13 novembre. Condamnée à rester cloîtré chez elle de 2003 à 2009, sa peine avait été rallongée de 18 mois à cause de l’irruption d’un Américain, John Yettaw, à son domicile. Enfin libre, elle a appelé ses partisans à travailler ensemble et le peuple à « faire entendre sa voix » : le début d’une démocratisation ?

Rien n’en est moins sûr. Certes, Aung San Suu Kyi est une figure forte en Birmanie : son père, le général Aung San, est le père de l’indépendance de la Birmanie et dispose d’un jour de fête en son honneur (le 12 février) ; elle est aussi la créatrice de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), son parti dissous avec lequel elle a mené tout son combat politique depuis son apparition sur la scène birmane, en 1988. De plus, elle est prix Nobel de la paix 1991, prix qu’elle n’avait pu recevoir car elle était privée de liberté, le comité Nobel l’a d’ailleurs immédiatement invitée à venir donner la traditionnelle conférence des lauréats à Oslo. Enfin, elle avait obtenu avec son parti une victoire écrasante sur la junte aux législatives de 1990.

Mais cette victoire avait entraîné son emprisonnement et la dissolution de son parti. Sur les 21 dernières années, Aung San Suu Kyi en a passé quinze sans liberté. La situation semble avoir empiré : la junte est au pouvoir depuis cinquante ans et n’a organisée de nouvelles élections que le 7 novembre dernier. Élections qualifiées de « simulacre » par l’Europe, les Etats-Unis ou le Japon. Le régime, qualifié par toutes les organisations de défense des droits de l’homme comme l’un des pires de la planète, ne semble pas vraiment s’affaiblir et cette libération semble surtout là pour détourner l’attention du trucage des législatives. Le pays est gouverné par des « durs » du régime depuis 2004 avec l’arrivée au pouvoir de Soe Win et n’a que faire des sanctions des Occidentaux, tout au plus augmentent-elles la pauvreté en fermant quelques usines mais le pays vit surtout de la vente de matières premières avec ses voisins, peu regardants sur la provenance des marchandises. Enfin, le pays est membre de l’ASEAN et de l’OMC et est politiquement défendu par la Chine, qui contribue avec ses touristes à accroître les ressources de la junte.

Cependant, tous les dirigeants des pays développés ont salué sa libération, certains insistant sur sa valeur d’exemple et appelant à d’autres libérations (il y aurait encore 2100 autres prisonniers politiques selon la Grande-Bretagne). Aung San Suu Kyi a parlé à ses partisans au bureaux de la LND, qui a boycotté les dernières élections, et a promis d’œuvrer pour « augmenter le niveau de vie » du peuple birman. Pour le futur, elle déclare : « je veux vous dire qu’il y aura un moment pour sortir. Ne restez pas silencieux quand ce moment viendra ». Tout un programme.

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