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La Chine s’apprête à se métamorphoser avec son douzième plan : un virage négociable ?

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Alors que l’attention des média est tournée vers la Libye, les trois mille « représentants du peuple » chinois se réunissent demain à Pékin pour décider de l’orientation de la deuxième économie du monde. En effet, c’est traditionnellement en mars, après les fêtes du printemps (le Nouvel An chinois) que se réunissent les représentants du Parti à côté de la place Tian’anmen.

Ce lundi 7 mars, ils devront adopter le douzième plan quinquennal qui définira la politique économique de la Chine. Le pays entend bien cesser d ‘être « l’usine du monde » et se transformer en centre mondial de l’industrie de pointe et des technologies de l’information. L’environnement aura aussi une place prépondérante puisque les technologies vertes, les énergies nouvelles, les biotechnologies et les voitures à propulsion alternative figurent parmi les cinq premières priorités de ce plan. Mais la Chine en a-t-elle les moyens ? Avec ses 300,000 ingénieurs formés par an dans ses universités, dont certaines font la loi dans l’enseignement mondial (avec le fameux classement des universités mondiales de l’université de Shangai), ainsi que les 1500 milliards de dollars qu’elle investit dans ce plan, cela paraît certain.

Mais si la Chine prend un tel virage dans son développement, c’est peut-être plus parcequ’elle n’en a pas le choix que par une réelle maturité de son économie. Car elle doit faire face à des tensions intérieures fortes : le coût de la vie, la corruption (la Chine est 78° sur 178 selon Transparency International), des grèves à répétition dans ses usines du Sud (chez Foxconn) ainsi que des suicides d’ouvriers, les besoins de santé croissants… Ce ne sont pas les quelques mesures prises par les autorité dans les entreprises mises en cause en juin dernier (filets anti-suicide, légère augmentation des salaires) qui suffiront à détendre la situation. Même la croissance record de 10,3% du PIB n’est pas suffisante. Car La Chine doit faire face à l’inégale répartition des richesse parmi sa population : elle est affecté d’un coefficient de Gini de 0,5 (au dessus de 0,4 les risques de révolte sont importants). Cela ne l’aide pas à augmenter sa consommation intérieure, condition indispensable à l’émergence de grands groupes capables de concurrencer les occidentaux et d’investir significativement dans leur recherche et développement.

Le douzième plan devrait corriger les principaux problèmes en investissant pour les entreprises et en tentant de réguler le marché immobilier, qui entre en surchauffe (les prix ont augmenté de près de 15% en 2010 dans certaines villes). 35 mesures administratives, comme l’interdiction de posséder plus de deux logements ou l’augmentation de taux d’intérêts sur les emprunts, sont sensées calmer cet emballement. Mais le régime se retrouve face à la quadrature du cercle : comment éviter une bulle immobilière avec une hausse des taux d’intérêts, tout en jugulant l’inflation à 4% ,tout en favorisant la consommation des ménages (+10% voire 15 % en 2010), et enfin, sans déséquilibrer la balance des paiements ? La Chine semble, plus que jamais, être une cocotte minute d’ 1,4 milliards de citoyens.

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