L’ONU conseille à nouveau les pays en difficulté pour sortir du sous-développement : du réchauffé ou de vraies mesures ?
L’ONU tient, cette semaine, à Istanbul, sa quatrième conférence sur les Pays les moins développés, dix ans après la dernière conférence du genre, organisée à Bruxelles. Qu’est-ce qu’un pays appartenant à ce groupe de 48 membres (33 Africains, 14 Asiatiques et Haïti) ? Pour Ban Ki-Moon, Secrétaire Général de l’ONU, ce n’est pas un pays faible et pauvre, mais bien un pays qui a de vastes réservoirs de potentiel non encore utilisé. Certes, mais on pourrait rétorquer à Ban Ki-Moon un langage quelque peu diplomatique, car il faut voir certaines choses en face : le premier défi est bien de rendre ces pays plus forts économiquement, et développer certains de leurs réservoirs n’est pas suffisant.
Il promeut ainsi l’investissement étranger dans ces pays-là, en mettant en exergue l’obligation morale pour les pays étrangers d’y investir de manière « réfléchie ». C’est point par point ce que disaient les économistes les plus libéraux pendant la grande vague des années 1980 (et c’est d’ailleurs ce qui avait été mis en place par le FMI surtout, avec certains effets que l’on connait…). Bref, le discours de M. Ban n’apparait guère novateur, même s’il apparait peut-être le plus rationnel et crédible actuellement.
Pourquoi crédible ? Car ces pays les plus en difficulté ne pourront s’en sortir sans l’aide des pays étrangers. L’autarcie à la mode nord-coréenne n’est définitivement pas un moyen de se sortir de graves difficultés économiques. Mais rien ne pourra se faire sans de profonds changements à l’intérieur des pays eux-mêmes. Une Révolution économique et politique est nécessaire dans ces pays à l’économie souvent sclérosée, aux inégalités toujours plus criantes, aux structures agraires et industrielles toujours plus vieillissantes. Nécessaire donc, mais lorsqu’il s’agit de passer à l’action, tout devient d’un coup plus difficile…
Est-ce à dire que ce « club » de 48 pays comptant 900 millions d’habitants est voué à rester inchangé ? Certainement pas. Le défi environnemental est définitivement à prendre en compte. Ces pays possèdent un avantage incommensurable sur les pays émergents aux économies toujours plus basées sur le carbone. Et ces pays vont évidemment devenir des cibles privilégiées de ces mêmes nouveaux pays émergents à la recherche de marchés au pouvoir d’achat faible et à la superficie souvent très importante. Un marché Sud-Sud pourrait donc se mettre en place. Obligeant peut-être le Nord à s’intéresser un peu plus à ces pays qu’ils ont souvent considérés comme leur chasse gardée…