L’Inde, pays le plus peuplé d’ici 2030
Aujourd’hui, 17% de la population mondiale est indienne. Une proportion considérable pour l’un des deux cents pays du monde, mais qui ne place l’Inde qu’en deuxième place des pays les plus peuplés du monde. Evidemment, c’est la Chine qui tient la tête avec près de 1,4 milliard d’individus, soit quasiment 200 millions de plus que l’Inde.
Pourtant, la dynamique démographique de l’Inde aujourd’hui et dans les années futures, en plus des politiques de contrôle de naissances en Chine, entrainera un chamboulement dans ce classement des pays ayant la plus forte démographie : ainsi, l’ONU estime que la population indienne dépassera celle de la Chine d’ici 2030. Rappelons cependant que l’Inde est déjà bien devant la Chine en termes de densité démographique, avec près de 350 habitants au kilomètre carré contre environ 140 pour la Chine, dont l’arrière-pays est à bien des égards dépeuplé.
De nos jours, la population indienne augmente d’environ 1,5% par an, soit 17 millions de nouveaux nés chaque année. Ainsi, le taux de fécondité en Inde est d’environ trois enfants par femme, contre environ 1,7 en moyenne en Chine, d’où le rattrapage actuel de la Chine par l’Inde. Il en découle que cette population est très jeune : un indien sur deux a moins de 25 ans. La croissance des villes est par ailleurs exponentielle : Bombay (21 millions d’habitants), Delhi (14), Bangalore (5) et Calcutta (5) font ainsi partie de la cinquantaine de villes indiennes dépassant le million d’habitant.
Si la « course » à la démographie apparaît comme une source de puissance face à la Chine rivale, il n’en demeure pas moins que l’Inde risque de pâtir (et pâtit déjà) de cette démographie galopante. Les problèmes d’éducation, d’emploi, d’urbanisation et plus tard de vieillissement et de retraite vont être nombreux. Ainsi, beaucoup d’Indiens n’hésitent pas à se tourner vers l’étranger en quête de meilleures conditions d’éducation ou de travail, entrainant la création d’une diaspora indienne de 28 millions d’individus promue à travers le Ministère des Affaires de la Diaspora indienne.
Si la hausse du niveau de vie et de l’alphabétisation semble atténuer cette tendance, un autre problème d’envergure a fait son apparition : le déficit de naissances de filles. Des estimations ont montré que près d’un demi-million de filles par an ne seraient pas nées à cause d’une préférence générale pour les enfants masculins. En effet, cette préférence est liée à des questions d’honneur familial, d’héritage, tandis que les filles sont vécues comme une charge, une dot devant être payée à la famille du mari lors du mariage.
Quoiqu’il en soit, les politiques démographiques indiennes devraient trouver davantage de continuité pour éviter les tendances irrégulières en matière de démographie qu’a connue l’Inde ces dernières années. Et à l’instar de la Chine, où la politique de l’enfant unique est globalement un succès, l’Inde devrait prendre conscience des problèmes qu’une telle évolution démographique peut induire…