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Les enjeux de la livraison d’armes aux rebelles syriens

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Dans le cadre du sommet européen de Bruxelles les 14 et 15 mars 2013, la France et le Royaume-Uni ont voulu convaincre leurs partenaires sceptiques de lever l’embargo sur les livraisons d’armes aux rebelles syriens. Une telle initiative aurait pour conséquence directe une militarisation accrue du conflit, mais pourrait aussi être un nouveau signe des problèmes de prise de décision de l’Union européenne.

Depuis mai 2011, le Conseil de l’Union européenne prend des mesures restrictives concernant la Syrie, notamment au sujet des armes. Par un accord des Vingt-Sept, l’embargo a été reconduit pour 3 mois en février dernier. La volonté des puissances européennes de voir le régime syrien s’effondrer est de plus en plus importante : depuis deux ans, et après la mort de plus de 70000 personnes, Bachar Al-Assad utilise tous les moyens pour combattre son propre peuple et asseoir son autorité ; il est même soupçonné d’utiliser des armes chimiques face aux opposants.

Mais, le problème est que l’embargo n’a pas les effets escomptés et semble même créer un déséquilibre dans cette guerre. En effet, les mesures prises ont eu vocation, jusqu’à récemment, à s’appliquer à toutes les parties impliquées dans le conflit, sans distinction ; ainsi, si les opposants syriens subissent ces sanctions, le régime de Bachar Al-Assad, lui,  parvient à recevoir des armes, et cela notamment grâce au soutien de l’Iran et de la Russie.

Une militarisation du conflit serait ainsi l’occasion de rééquilibrer la situation et de donner une chance aux rebelles de se défendre. Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, souligne, d’autre part, que la livraison d’armes à la branche armée de la Coalition nationale syrienne constituerait aussi un moyen de faire rempart aux islamistes, tout en permettant de renverser le régime en place. Cependant, une militarisation accrue écarterait une bonne fois pour toute la possibilité de trouver une solution politique au conflit et poserait la question du devenir de ces armes dans la période suivant la fin du conflit.

Le révélateur d’un problème de fonctionnement de l’Union et de la difficulté d’afficher une politique étrangère faisant l’unanimité

La France et le Royaume-Uni veulent convaincre leurs partenaires mais ils se sont dit prêts à intervenir de leur propre chef si l’embargo n’était pas levé. Paris et Londres ont voulu marquer leur indépendance et leur souveraineté mais ils ont, par la même occasion, totalement décrédibilisé le processus de prise de décision de l’Union en voulant imposer leur décision aux vingt-cinq autres pays. L’existence même d’une politique étrangère de l’Union européenne est remise en cause si chaque membre intervient sur la scène internationale comme bon lui semble. Dans ces conditions, Herman Van Rompuy, président du Conseil européen, n’a pu que temporiser en indiquant que d’autres négociations sur le sujet auront lieu à Dublin la semaine prochaine

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